Journal n°126

«Les femmes s’impliquent autant que les hommes dans leur carrière»

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Une recherche mandatée par le Service égalité explore les causes de la faible représentation des chercheuses aux échelons hiérarchiques supérieurs de l’institution

En 2014, l’Université comprenait 61% d’étudiantes alors que l’on comptait seulement 16,7% de femmes parmi les professeurs ordinaires. Même si les nominations féminines atteignaient cette année-là l’honorable score de 35%, de nombreux obstacles s’opposent en effet toujours aux carrières des chercheuses. Pour les identifier, Klea Faniko, collaboratrice scientifique à la Section de psychologie (FPSE) et chercheuse avancée à l’Université d’Utrecht, a mené une étude auprès des collaborateurs et collaboratrices du corps académique de l’UNIGE. Ses résultats dressent ainsi un panorama des défis et des perspectives de carrières pour les hommes et les femmes de la relève académique. Mais cette enquête montre surtout que la faible représentation des chercheuses dans les postes à haut statut ne peut pas être attribuée à un manque d’investissement professionnel. Ce sont les facteurs liés au cadre de travail qui en sont les responsables: d’abord le sexisme, qui constitue l’un des obstacles majeurs, mais aussi la disparité de traitement entre les femmes et les hommes de la part des supérieurs hiérarchiques, ainsi que l’impact de la parentalité sur la carrière, qui n’est pas le même pour les deux sexes. Ce dernier obstacle n’est d’ailleurs pas dû aux difficultés des jeunes mères à concilier leur vie familiale avec leur vie professionnelle, mais aux attitudes négatives que les hiérarchies ont envers la maternité. Commanditée par le Service égalité, l’étude a été réalisée en deux temps. Après une première exploration du terrain au travers de 85 entretiens individuels, un questionnaire a été envoyé aux 4300 membres du personnel académique. Au total, 818 questionnaires, représentatifs de la population étudiée en ce qui concerne la position occupée, ont été complétés. Objectifs: établir un état des lieux de la situation auprès des différentes facultés, comprendre les différences entre femmes et hommes en termes d’ambition, de vocation ou d’engagement et identifier les problèmes.

Faire des choix difficiles

Les données récoltées ont permis de montrer qu’indépendamment de leur âge, les femmes s’impliquent autant que les hommes, que ce soit dans leur carrière comme en dehors des heures du travail légal. Il n’existe pas non plus de différences significatives entre les genres dans la motivation à avancer dans la carrière; les femmes sont même plus souvent prêtes à faire des choix difficiles dans leur vie privée, comme celui d’adapter leur projet d’enfant ou de reléguer leur relation de couple au second plan.

Lutte contre le harcèlement

Lors des entretiens, les participants ont été invités à parler de leurs expériences sur leur lieu de travail, notamment des relations avec leurs collègues, supérieurs ou subordonnés, ainsi que de leurs perceptions des obstacles rencontrés lors du parcours académique. Les comportements rapportés témoignent d’un sexisme existant au sein de l’institution, bienveillant ou hostile selon les cas, et d’un faible soutien du supérieur, qui se manifeste sous forme de manque de conseils, d’encadrement, de financement et/ou de promotion. Fort de ce constat, le Rectorat a décidé d’inscrire la lutte contre le harcèlement comme une priorité, créant notamment un groupe de travail chargé de faire rapidement des propositions concrètes pour améliorer la situation. —

Étude complète