Journal n°77

Le développement durable fête les dix ans de sa formation

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Pour marquer les dix ans du CAS en développement durable, l’UNIGE accueille Hubert Reeves, le 18 juin prochain à Uni Dufour, pour une conférence publique sur le destin de la planète bleue

Le Certificat de formation continue (CAS) en développement durable fête ses dix ans d’existence. Avec plus de 200 participants depuis 2003, la formation peut se targuer d’un important succès, régulièrement confirmé par les résultats d’enquêtes de satisfaction. Pour marquer l’événement, une «journée 10e anniversaire», à laquelle tous les participants et intervenants du CAS depuis son lancement ont été invités, se tiendra le 18 juin. En guise de clôture, Hubert Reeves donnera une conférence publique en soirée. Astrophysicien et écologiste, le penseur s’appliquera à inscrire la problématique du développement durable dans la longue histoire de notre planète.
A l’approche de cet anniversaire, le directeur du CAS, Roderick Lawrence (Dpt de géographie et environnement, SES), nous livre ses sentiments.

Après une décennie, peut-on déjà tirer un premier bilan de la formation?
Roderick Lawrence:
Pionnier dès 2003, le certificat reste unique dans la diversité des thématiques abordées. Il répond à la nécessité de former des professionnels autour des enjeux du développement durable (DD), et ce d’autant plus dans un contexte où l’environnement social et professionnel est en pleine mutation et où les pouvoirs publics sont impuissants à répondre efficacement aux défis posés. De ce fait, la formation proposée ne constitue pas un simple transfert de compétences, mais explore le passage du conceptuel vers la pratique.
Par ailleurs, si l’intérêt professionnel de la formation est établi, son influence sur les comportements personnels des participants est également digne d’être relevé. Pour l’anecdote, après avoir suivi quelques modules, un participant a annoncé avoir renoncé à son 4x4...

L’enseignement a-t-il évolué au cours du temps?
En dix ans, le monde a changé. Les connaissances de tout un chacun se sont développées. De même, l’enseignement a évolué en fonction des thématiques les plus pertinentes. Si la question des Agenda 21 demeure centrale, de nouveaux modules traitant des dimensions socioculturelles, éthiques et des valeurs profondes associées au DD ont vu le jour. La formation suit une logique interdisciplinaire.

Y a-t-il un participant-type?
Les volées sont constituées de profils très variés qui apportent une richesse permettant d’alimenter la formation, dans une perspective intersectorielle et interculturelle. Cette diversité se situe tant dans la variété des parcours professionnels que dans les cursus de formation ou dans les origines.

Comment situer le développement durable dans la société actuelle?
Aujourd’hui, celui-ci est souvent ramené à un simple concept marketing. Les Anglo-Saxons parlent de «greenwashing» (écoblanchiment en français). Typiquement, on a l’exemple de compagnies pétrolières qui se mettent à parler de développement durable, alors qu’elles vendent un produit non durable et polluant pour en tirer un bénéfice. La question actuelle est de trouver comment assurer la transition d’un système économique qui présente d’importants impacts négatifs vers une société plus juste qui valorise la qualité de vie et l’environnement. Par le passé, le DD n’était pas inscrit dans les programmes d’études. Les dirigeants actuels n’ont, par conséquent, pas bénéficié d’une formation spécifique dans ce domaine. Il importe de combler cette lacune pour les décideurs à venir.

Et qu’en est-il à Genève?
Le développement durable est inscrit dans la Constitution genevoise. Le canton a même instauré un «Service du développement durable». Toutefois, il manque une vision globale, qui soit partagée par tous les partis politiques et par l’ensemble de la population, pour garantir un avenir durable pour Genève. La croissance économique et démographique de la région crée une demande à laquelle les infrastructures actuelles (logement, transports, crèches, etc.) ne répondent pas.

L’avenir s’annonce donc plutôt sombre?
Le développement durable est une remise en question profonde de notre société qui ne se fera pas du jour au lendemain, ni partout au même instant. Est-ce que le changement aura lieu du fait du réchauffement climatique ou sous la pression des fractures sociales et des inégalités? Ou faut-il un effondrement du système financier pour que les choses changent vraiment?


| mardi 18 juin |

Cosmologie et créativité: l’humanité joue son destin et celui de la planète bleue
conférence d’Hubert Reeves
18h30 | Uni Dufour

Affiche de la conférence