Journal n°146

Les faiseuses de temps de Waltham Watch

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Il y a 150 ans, la Waltham Watch Company représentait l’usine de manufacture horlogère la plus productive et prospère des États-Unis. Grande dame de l’industrie américaine, elle produit, entre 1850 et 1950,  des montres de poche réputées pour être à l’avant-garde de la technologie horlogère et manufacturière. On convoitait les montres Waltham Watch dans le monde entier – de la Chine jusqu’en Argentine. Même les plus prestigieuses fabriques horlogères suisses redoutaient sa puissance et lui jalousaient la qualité de ses produits.
La manufacture Waltham Watch employait une main-d’œuvre majoritairement féminine dénombrant une centaine d’ouvrières et formant une armée industrielle et économique redoutable. Autant dire que les faiseuses de temps de Waltham Watch méritaient bien une thèse !
Le rôle des femmes dans l’histoire de l’industrie horlogère mondiale: voilà le sujet sur lequel enquête la communauté scientifique à laquelle j’appartiens. Bien que nous soyons familiers avec l’histoire des hommes qui ont marqué la branche, de John Harrison à Nicolas Hayek, en passant par Louis Breguet, nous détenons relativement peu de données au sujet de la contribution des femmes à l’industrie, à la science et à l’art horlogers. Or des femmes comme les faiseuses de temps de Waltham Watch représentent une force de travail considérable mais silencieuse, et ont porté leur entreprise au travers de crises désespérantes.
Dans ma thèse, j’analyse ainsi les archives de la Waltham Watch Company pour déterminer le rôle des femmes dans l’essor de l’industrie horlogère américaine. Mes recherches confirment que ce secteur économique a recouru massivement à la main-d’œuvre féminine à la fin du XIXe siècle. De surcroît, les archives révèlent que ce contingent ouvrier féminin s’est mobilisé en faveur de l’émancipation ouvrière, notamment en militant pour l’accès à la formation professionnelle pour les femmes.
Étudier l’histoire des femmes dans l’histoire de l’industrie horlogère mondiale, c’est se plonger dans les origines du travail féminin en manufacture et, in fine, parvenir à une compréhension plus complète de la complexité des défis posés au statut de l’ouvrière féminine dans nos sociétés contemporaines. —



Concours
Ma thèse en 180 secondes
Finale nationale le 7 juin 2018 à l’Université de Fribourg, Finale internationale le 27 septembre  2018 à l’Université de Lausanne