Pour ses 20 ans, le Cerah questionne l’impact de l’altruisme dans l’humanitaire
Pour fêter son 20e anniversaire, le Centre d’enseignement et de recherche en action humanitaire (CERAH) a choisi d’explorer le sens, le rôle et l’impact de l’altruisme dans l’action humanitaire. Il a invité pour cela la politologue américaine Kristen Monroe, fondatrice et directrice du Centre d’éthique de l’Université de Californie à Irvine. Elle viendra donner une grande conférence publique qui proposera une explication peu commune de l’altruisme fondée sur l’identité.
En effet, selon Kristen Monroe, l’identité, à savoir la manière dont chaque personne se perçoit et se définit, contraint ses choix tant sur le plan cognitif qu’éthique et incite la personne à aider ou non ses semblables. Elle soutient que cette perspective altruiste est essentielle pour comprendre notre comportement envers autrui: là où certains voient un étranger, une personne altruiste verra un autre être humain et le traitera dignement comme un membre d’une même communauté.
Cette conférence sera suivie par un débat modéré par Doris Schopper, directrice du CERAH, et auquel participeront Yves Daccord, directeur général du Comité international de la Croix-Rouge, et Reveka Papadopoulou, présidente de Médecins sans frontières (MSF).
Créé il y a 20 ans, le Cerah est une des rares structures au monde à offrir une formation complète dans un domaine qui, en deux décennies, a connu de profondes mutations.
L’essentiel de l’aide humanitaire est aujourd’hui assuré par les pays de l’hémisphère Sud
Depuis la fin de la guerre froide, on constate en effet une fragmentation importante des groupes armés dans les régions en crise, une complexification extrême des conflits comme en Syrie, une pérennisation des camps de réfugiés et un nombre de personnes déplacées dans le monde qui atteint le chiffre record de 68,5 millions. Du côté des humanitaires, le nombre d’organisations non gouvernementales actives sur le terrain a lui aussi explosé. Par ailleurs, l’essentiel de l’aide humanitaire est aujourd’hui assuré par les pays de l’hémisphère Sud (les six pays les plus pauvres du monde accueillent 51% des réfugiés, les six plus riches 9%) tandis que ceux du Nord vont parfois jusqu’à emprisonner les personnes accueillant les réfugiés chez elles.
Dans ce contexte, l’objectif du CERAH consiste à contribuer au développement de la pensée critique et de l’analyse pour améliorer la qualité de la réponse humanitaire, tant par l’éducation que par la recherche. Le Programme interfacultaire en action humanitaire qu’il dispense forme chaque année près de 250 étudiants dont une trentaine dans le cadre d’un master. —
Pourquoi l’altruisme existe-t-il?