Journal n°156

Gustave Revilliod réhabilité comme collectionneur

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Portrait de Gustave Revilliod par Alexandre-Louis-François d’Albert-Durade (1863). Huile sur toile (détail). MAH, CR 435. A. Schärer/MAH

«Un homme ouvert au monde», c’est ainsi que le Genevois Gustave Revilliod (1817-1890) est qualifié dans l’exposition que le Musée Ariana lui consacre jusqu’au 2 juin prochain. Collectionneur avisé, voyageur infatigable et philanthrope éclairé, Gustave Revilliod a réuni au cours de sa vie plus de 30 000 pièces qui parcourent les époques, les continents et les techniques.
Pour l’exposition, un important travail de dépouillement des archives et de retranscription de documents a été réalisé par les étudiants de l’Unité de l’histoire de l’art (Faculté des lettres). «La collaboration entre l’Université et les musées de la Ville est une tradition, raconte le professeur Frédéric Elsig, que ce soit au niveau de l’enseignement, avec un MAS en conservation et en muséologie, ou de l’expertise scientifique du patrimoine, avec la réalisation de catalogues d’exposition par des étudiants.»

L’héritage de Revilliod
Outre le travail réalisé en amont, l’Unité organisera, le 8 mars prochain, un colloque scientifique. «Si l’exposition embrasse toutes les facettes de Revilliod – l’homme, ses voyages, ses goûts et la manière dont il s’est approvisionné – le colloque propose un regard sur son héritage», explique Frédéric Elsig. Ce sera notamment l’occasion d’évoquer les œuvres du parc de Varembé ou encore la réorganisation du Musée Ariana qui passe, dès 1934, d’une collection encyclopédique à des collections spécifiques de céramique et de verre.
«C’est à cette époque que la collection Revilliod a été injustement dévalorisée, probablement victime d’un présupposé négatif à l’encontre du goût d’un seul homme, relève le professeur Elsig. Les peintures ont alors été progressivement reléguées dans les réserves.»
L’étude systématique des fonds des Musées d’art et d’histoire (MAH) a depuis permis de revaloriser la collection, qui représente près de la moitié du fonds des peintures anciennes des MAH. «La collection comprend beaucoup de pièces très singulières, comme La décollation de Saint-Jean-Baptiste, l’un des volets du retable de la chartreuse de Miraflores, réalisé par Juan de Flandes à la fin du XVe siècle ou la plus ancienne copie d’un Raphaël, qui revêt une importance particulière dans la question de la restauration de l’œuvre originale, s’enthousiasme Frédéric Elsig. Dans les années 1930, le premier avait été pris à tort pour un pastiche allemand du XIXe siècle, le second considéré comme une vulgaire copie, d’où le désintérêt pour la collection.»