Journal n°156

«Bien qu’imparfaite, la justice pénale internationale est nécessaire»

image-5.jpgS’il existe des outils juridiques internationaux pour poursuivre les auteurs de crimes de masse, d’autres formes de justice, qui peuvent se révéler surprenantes, sont parfois mises en place. Professeure FNS au Département de droit pénal, Sévane Garibian est, depuis 2018, l’instigatrice d’une trilogie: trois films suivis d’autant de débats qui permettent d’entamer la réflexion sur les multiples enjeux que posent de tels actes criminels.
Intitulée Des procès peu ordinaires, la série cinématographique de 2019 se saisit de la question de la responsabilité pour des actes criminels dont l’ampleur et l’échelle dépassent largement les moyens d’un procès pénal classique. «Utilisé comme un outil pédagogique, le cinéma agit comme point de départ pour générer des débats, relève la professeure Garibian. L’impact des images permet aux étudiants de réfléchir autrement aux problématiques que j’enseigne dans mes cours, de faire un lien concret avec la réalité de la criminalité et des violations graves des droits humains». Ouvertes à la cité, les projections constituent un espace de dialogue, d’échanges, de parole et d’expertise. «Il s’agit de décloisonner les réflexions critiques menées au sein de l’académie tout en favorisant le débat interdisciplinaire, précise Sévane Garibian. Les crimes de masse soulèvent en effet des questions juridiques, philosophiques, éthiques ou encore sociales.»
Les trois films projetés passent en revue des procès issus de différents contextes: un tribunal international à propos du génocide de Srebrenica en ex-Yougoslavie, un procès fictif relatif à la guerre au Congo, une cour d’assises allemande pour l’assassin du principal ordonnateur du génocide des Arméniens.
Tourné sur cinq ans, le premier documentaire montre les coulisses d’un procès pénal international, une machinerie qui ne se met pas en place sans difficultés. Le deuxième film s’intéresse au problème de l’impunité et ouvre la question des tribunaux d’opinion, ces instances informelles issues de la société civile quand l’État n’entreprend rien et que la communauté internationale ne prend pas le relais. Quant au dernier long-métrage, il montre les fonctions symboliques et historiques que peut avoir un procès, même à l’échelle étatique et en dehors du lieu du crime. «Bien qu’insuffisante et imparfaite, la justice pénale internationale est nécessaire, observe Sévane Garibian. Les films choisis montrent qu’il existe des failles, mais une faille ne signifie pas un vide.»

L’UNIGE au FIFDH
La première projection de la trilogie aura lieu dans le cadre du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH), auquel l’UNIGE s’associe largement. Ainsi, le Service égalité et la Faculté de droit y présenteront au total six films, dont celui de la soirée d’ouverture le 8 mars, On Her Shoulders d’Alexandria Bombach. Un hackathon et un débat sur le Web au service de tous et sur la réalité de l’accès à l’information, organisés par l’UNIGE, émailleront également le festival. —

www.unige.ch/droit/trilogie
www.unige.ch/-/fifdh19