Journal n°156

Genre et handicap: de la contrainte à l’émancipation

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Jeux paralympiques de Rio 2016. Sur les écrans, le film de présentation de l’équipe britannique: une athlète équipée d’une prothèse démontre ses talents exceptionnels de gymnaste, un autre s’élance en fauteuil roulant d’un tremplin vertigineux pour effectuer un saut périlleux et réussir un atterrissage parfait sous les hourras des spectateurs. Elle semble loin la représentation du handicap cantonnée à des personnes aux ressources réduites. La question de l’intégration de ces «héros» sportifs ne se pose même pas.
Pourtant, ces images spectaculaires sont loin de représenter le quotidien des personnes handicapées, qui vivent majoritairement leur intégration au travers de leur participation au monde du travail, sous le contrôle des assurances sociales qui les enjoignent à s’insérer dans le travail formel, moyennant des mesures de réhabilitation  afin de réduire l’octroi de rentes d’invalidité.
Dans une perspective où le genre et le handicap sont appréhendés comme des rapports sociaux, ma thèse s’intéresse à la réhabilitation professionnelle ou en formation de personnes devenues paraplégiques à la suite d’un accident ou d’une maladie. Alors que le système de genre a déjà marqué les orientations professionnelles des personnes quand elles étaient «valides», il est réactivé avec le handicap lorsqu’elles doivent envisager de nouveaux choix professionnels ou de formation en raison de leur paraplégie. Ces options se voient souvent réduites par des représentations des métiers «possibles» pour les personnes handicapées physiques. Les choix des femmes se conforment à la division sexuelle du travail, alors que les hommes se voient le plus souvent orientés vers les métiers de l’administration, traditionnellement féminins. Face à ces options réduites, les femmes et les hommes paraplégiques démontrent néanmoins des stratégies de résistance qui leur permettent de reconstruire une trajectoire professionnelle autodéterminée. à partir de ces stratégies, j’ai élaboré une typologie de modèles d’émancipation des discriminations liées au handicap et au genre dans les milieux de l’éducation et du travail. Finalement, je propose que ces modèles deviennent des supports de formation pour tous les acteurs et actrices de la réhabilitation professionnelle des personnes paraplégiques, y compris pour ces dernières.


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