Journal n°161

L’hiver suisse ne couvre pas les besoins en vitamine D

image-4.jpgEn hiver, la population suisse ne peut pas produire suffisamment de vitamine D en raison du faible ensoleillement. Une exposition au soleil modérée est en effet nécessaire pour produire cet élément essentiel à la santé des os et qui pourrait également jouer un rôle préventif contre des infections respiratoires, des maladies auto-immunes et certains types de cancers. Une étude parue le 4 mai dans la revue Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology, et à laquelle a participé Arianna Religi, chercheuse au Centre universitaire d’informatique, montre qu’en Suisse, de la fin de l’automne au début du printemps, l’ensoleillement ne permet même pas d’approcher la dose quotidienne de 0,024 milligramme de vitamine D recommandée par l’Organisation mondiale de la santé.
Les scientifiques ont mesuré toute l’année l’intensité du rayonnement solaire dans le pays et ont intégré ces données dans une simulation informatique permettant d’estimer avec précision l’impact de l’ensoleillement sur la santé.

Vitamine D contre coup de soleil

En été, en milieu de journée, une personne vêtue d’un T-shirt (et dont 22% de surface de peau sont exposés) produit la dose journalière de vitamine D recommandée en dix à quinze minutes. Mais le coup de soleil peut survenir environ dix minutes plus tard, augmentant les risques de développer un cancer de la peau.
En hiver, seuls le visage et les mains sont généralement découverts, soit environ 8% de la surface de la peau. De plus, le rayonnement UV est atténué du fait de son plus long trajet dans l’atmosphère. Dans ces conditions, il faut une exposition de plus de six heures pour produire la dose de vitamine D recommandée. Une telle exposition est difficile, voire impossible à assurer et ce, d’autant plus qu’un coup de soleil surviendrait bien avant.
Pour obtenir ces résultats, l’équipe, rassemblant des spécialistes en santé publique, météorologie, informatique et nutrition, a développé une simulation d’exposition solaire. Ces algorithmes peuvent notamment prédire la quantité de vitamine D produite et estimer les risques de coup de soleil pour les deux types de peau les plus courants en Suisse.

Nourrir le modèle

Pour nourrir ce modèle informatique, les auteurs ont exploité les données d’ensoleillement recueillies par l’Office fédéral de météorologie et climatologie (MétéoSuisse) dans quatre stations représentatives des divers milieux du pays, tout au long de l’année. Les quantités de rayonnement UV ont, quant à elles, été estimées à l’aide des mesures d’ozone du satellite EOS Aura, géré par la NASA, l’agence spatiale américaine.
Ces travaux confirment l’origine environnementale de la déficience saisonnière en vitamine D constatée dans la population suisse. Mais nombre de questions sont encore débattues, notamment les recommandations quotidiennes, qui varient du simple au double, ou encore la pertinence des compléments alimentaires.
Une chose est sûre, pour les auteurs, c’est qu’il faut absolument éviter les solariums en hiver. Les risques de cancer de la peau outrepasseraient en effet largement les éventuels bénéfices. —