Journal n°166 - du 7 au 21 novembre 2019

«Il faut cinq minutes à une amibe pour tuer une bactérie»

Romain Bodinierimage-5.jpg
Doctorant à la Faculté de médecine
Sujet de thèse:
«Rôle de Vps13F et LrrkA durant la dégradation
intracellulaire de K. pneumoniae par D. discoideum»

Quand avez-vous démarré votre thèse?
En novembre 2014. Il faut dire que, parallèlement à ma thèse, je suis président d’une fédération cantonale d’eSport, ce qui explique en partie le nombre d’années consacrées à ma recherche.

Quelle est la problématique de votre thèse?
Je cherche à comprendre comment un globule blanc s’y prend pour tuer une bactérie. Pour y parvenir, j’ai suivi deux axes de recherche. Le premier consiste à approfondir nos connaissances sur les mécanismes cellulaires qui nous permettent de nous débarrasser de microorganismes envahissants. Le second est d’affiner l’étude des amibes, un organisme modèle qui me permet de comprendre certains mécanismes de l’infection sans passer par l’expérimentation animale.

Quelle méthode employez-vous?
J’ai choisi la microscopie grâce à laquelle il m’est possible d’observer en direct les phénotypes (c’est-à-dire l’ensemble des caractères observables) des microorganismes unicellulaires que j’étudie. Regarder ces cellules, au travers d’un objectif grossissant reste un émerveillement constant et me rappelle que l’on oublie souvent qu’un autre monde à l’échelle microscopique existe. En plus, l’utilisation des protéines fluorescentes donne un côté artistique aux images.

Avez-vous déjà obtenu des résultats?
Parmi les résultats les plus marquants, j’ai quantifié, pour la première fois, le temps nécessaire à une amibe pour tuer une bactérie: il ne lui faut que cinq minutes. C’est un temps très court qui suggère que l’amibe doit assurer une livraison et une sélection très efficaces des protéines bactéricides. J’ai aussi découvert que pour avaler et tuer efficacement une bactérie, une amibe a besoin de la «sentir» correctement d’abord.


Comment envisagez-vous votre carrière après votre thèse?

En commençant ma thèse, je savais d’avance que je ne me lancerais pas dans une carrière académique. La stimulation intellectuelle était ce que j’attendais de la thèse, et je n’ai pas été déçu.