D’après les estimations les plus récentes, environ 76 000 personnes sans papiers résideraient en Suisse. Elles travaillent principalement dans le secteur de l’économie domestique, de la restauration ou de la construction et constituent une force de travail non négligeable. Face à cette réalité bien connue, mais invisibilisée, le Canton de Genève lance, en février 2017, l’opération Papyrus, un programme qui facilite la régularisation des sans-papiers répondant à certains critères préétablis. Cette politique pragmatique et innovante permettra à près de 3000 personnes d’obtenir un permis B.
 
Le projet de recherche Parchemins, fruit d’une collaboration entre l’Université de Genève et les Hôpitaux universitaires de Genève, s’inscrit en marge de cette opération. Cette étude interdisciplinaire a suivi les personnes nouvellement régularisées pour documenter leur situation et, surtout, pour évaluer les conséquences de l’obtention du permis de séjour sur leurs conditions de vie et leur état de santé. Étalée sur cinq ans, cette enquête met en lumière les transformations induites par l’accès à un statut légal sur le parcours de vie, que ce soit en matière de conditions de logement, de situation financière, d’intégration sociale, de santé ou de qualité de vie.
 
Les premiers chapitres de l’ouvrage qui en a été tiré s’attachent à décrire les principales caractéristiques de l’opération Papyrus et de l’étude Parchemins, tandis que les suivants présentent les effets de la régularisation dans différents domaines de la vie. Le dernier chapitre propose des recommandations issues des résultats de l’étude, mais aussi d’un dialogue avec les personnes directement concernées par la régularisation. Les auteur-es espèrent ainsi contribuer aux débats sur la place à donner à une population discrète, mais indispensable au bon fonctionnement de la société.