15 octobre 2020 - NS

 

Vu dans les médias

La philanthropie ou l’art de s’aider soi-même

 

 

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Prof. Dorothee Bauman-Pauly


Selon l’émission Geopolitis (RTS) du 11 octobre dernier, la Fondation Bill et Melinda Gates est actuellement le plus grand donateur de l’Organisation mondiale de la santé et accompagne ses donations de priorités de recherche, comme le paludisme ou encore le VIH. La professeure Dorothée Baumann-Pauly, directrice du Geneva Center for Business and Human Rights de l’UNIGE, a apporté son éclairage sur l’influence des philanthropes sur les organisations internationales dans le cadre de cette diffusion. 

La professeure a notamment relevé que si les fondations philanthropiques publient des rapports détaillés sur chacun des projets qu’elles ont soutenus, elles sont moins transparentes sur les décisions stratégiques qui déterminent leur soutien. «On ne sait pas pourquoi on fait de la recherche sur le traitement d’une maladie plutôt qu’une autre. C’est un problème. Or il serait tout à fait imaginable que les organisations internationales qui reçoivent ces fonds refusent qu’ils soient liés à des priorités stratégiques définies par les donateurs», indique-t-elle. Si le soutien de privé-es à des gouvernements de plus en plus fragiles reste bienvenu, selon la chercheuse, il apparaît toutefois important de se doter de garde-fous pour limiter l’influence des philanthropes.

Alors qu’Anand Giridharadas, dans son livre Winners take all, a défini de manière provocante la philanthropie des très riches comme «un philanthropisme de rattrapage», qui viserait avant tout à rectifier les dommages occasionnés par leurs activités commerciales, il serait préférable, selon Dorothée Baumann-Pauly, que «les entreprises travaillent en respectant d’emblée les normes environnementales et de droits humains, plutôt qu’elles ne tentent de remédier après coup aux dommages causés». 

Selon la professeure, la mobilisation des acteurs et actrices privé-es est nécessaire pour faire pression sur les entreprises. «Les consommateurs/trices sont très hétérogènes en Europe. Il existe bien une niche de ‘consommateurs/trices éthiques’ qui s’est développée mais pas au point de peser substantiellement sur l’économie. Les investisseurs sont ainsi mieux positionnés pour faire pression sur les entreprises parce que cela les intéresse directement de minimiser les risques, conclut-elle. Or les violations des droits humains représentent un risque.»

 

 

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