11 novembre 2021 - AC

 

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L’éco-anxiété, le nouveau mal-être

 

 

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Tobias Brosch

 

C’est «le mal du siècle»: chaque rapport du GIEC, chaque COP, chaque catastrophe écologique pousse une foule de patient-es «éco-anxieux/euses» dans les cabinets de psychothérapeutes. Le phénomène auquel Le Temps consacrait un article le 29 octobre dernier divise toutefois les professionnels de la santé mentale. «Il n’y a pas une éco-anxiété, mais plein de manifestations de celle-ci en fonction des psychologies individuelles, résume Tobias Brosch, professeur à la Section de psychologie, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FPSE) et directeur du Laboratoire de décision et de comportement durable des consommateurs/trices. Ce qui ne la rend pas moins grave, car ses conséquences sur les gens sont réelles.» Quand elle est reconnue, l’éco-anxiété peut être distinguée en deux catégories: «D’une part, il y a l’éco-anxiété pathologique qui paralyse celles et ceux qui en souffrent au point d’interrompre le cours normal de leur vie, décrit Tobias Brosch. Une étude récente fait état d’une possible prédisposition à cette éco-anxiété quand le système affectif est déjà vulnérable. Elle peut alors véritablement bloquer la personne et doit être traitée.» D’autre part, il existe une forme d’éco-anxiété «rationnelle» fondée sur la réalité des chiffres: «Il est logique de ressentir une certaine peur à l’égard du changement climatique: cela signifie simplement que vous avez compris les enjeux du problème, estime le spécialiste. Mais chacun-e devrait essayer de transformer cette émotion en levier d’action, par exemple pour adapter son mode de vie.»

Une étude scientifique belge, menée dans la francophonie et rendue publique le 28 octobre dernier, suggère que «l’anxiété liée au changement climatique pourrait entraver le fonctionnement de la vie quotidienne d’un grand nombre de personnes», en premier lieu des jeunes et des femmes. En Amérique du Nord, pays plus spectaculairement soumis aux conséquences climatiques compte tenu des feux de forêts ou encore des dômes de chaleur, la question intéresse les milieux académiques. «Un sondage réalisé en 2018 a mis en avant le fait que 51% de la population considéraient le changement climatique comme une source de stress et que 29% des sondé-es étaient en proie à une grande inquiétude. D’autres recherches indiquent que 10% des sondé-es présentent un blocage nécessitant un diagnostic clinique», souligne Tobias Brosch. Face à une demande devenue indéniable, les professionnel-les s’organisent. Ainsi, l’Alliance santé planétaire a vu le jour en 2021. Un réseau francophone de professionnel-les de l’accompagnement face à l’urgence écologique est en outre en train d’être mis sur pied à l’initiative de quelques psychologues et médecins, précise Le Temps.

 

 

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