Journal n°152

L’évaluation électronique se perfectionne

image-6.jpg

Examen électronique à Uni Mail, 10 octobre 2018.

Ce mercredi 10 octobre, la tension est palpable dans le grand auditoire des droits de l’homme Alexei Jaccard à Uni Mail. Près de 150 étudiantes et étudiants s’apprêtent à passer leur examen de droit des sociétés et comptabilité. Même les examinateurs, flanqués de deux informaticiens, ont du mal à cacher une certaine nervosité. C’est qu’il ne s’agit pas d’un examen tout à fait comme les autres. Pour la première fois, il va se dérouler entièrement sur l’ordinateur personnel des étudiants, grâce à un dispositif mis au point par des informaticiens de l’EPFZ (Safe Exam Browser) permettant de bloquer l’accès à tous documents ou ressources autres que ceux prévus pour l’examen.

Des examens électroniques sont régulièrement organisés à l’UNIGE depuis 2013. Le recours à ce format a une incidence sur tout le processus d’évaluation, de la préparation de l’examen à sa correction. Loin de céder à un effet de mode, il vise à apporter des améliorations substantielles à ce processus. Les analyses et données fournies automatiquement par le système informatique à l’issue de l’examen permettent à l’examinateur d’améliorer le suivi des étudiants ainsi que la formulation des questions. Lorsqu’il s’agit d’un questionnaire à choix multiple, le système peut, par exemple, identifier des aberrations dans les réponses, ce qui laisse supposer que la question n’était pas rédigée de façon suffisamment claire.

Le format électronique améliore la justesse du processus de correction

Le format électronique place également l’étudiant dans une position plus authentique, correspondant davantage à celle du milieu professionnel qui l’attend, où l’accès aux sources d’information (dictionnaires, réglementations, etc.) a lieu par le biais d’ordinateurs. Enfin, il améliore la justesse du processus de correction, en éliminant les risques d’erreurs dans le cas de questionnaires à choix multiple, en évitant à l’évaluateur d’être confronté à des problèmes de lecture lorsqu’il s’agit de réponses rédigées ou encore en offrant la possibilité de rendre les réponses anonymes.

Jusqu’à présent, ces examens numérisés se déroulaient dans des salles équipées de machines, pouvant accueillir un nombre limité de participants. De ce point de vue, l’utilisation par les étudiants de leur propre ordinateur représente un saut qualitatif important. Non seulement l’examen peut être effectué simultanément par un nombre potentiellement illimité d’étudiants, mais ceux-ci bénéficient d’un confort amélioré. De nombreux étudiants étrangers, par exemple, ne sont pas familiers des claviers suisses, ce qui peut leur coûter de précieuses secondes lors de l’examen. Si cette formule Bring Your Own Device (BYOD) devait se généraliser, elle permettrait en outre à l’institution de réaliser d’importantes économies en termes d’équipements et de maintenance.

Pour que cette généralisation devienne réalité, il faut toutefois résoudre le principal défi lié à l’utilisation des ordinateurs personnels dans l’évaluation: s’assurer que les étudiants ne soient pas prétérités en raison de la lenteur de leur ordinateur ou du système opérationnel qu’ils utilisent. Afin d’éviter cet écueil, un sondage a tout d’abord été effectué auprès des étudiants avant l’examen pour savoir s’ils préféraient utiliser leur propre machine ou un ordinateur de l’Université. 90% ont opté pour leur ordinateur personnel. Par ailleurs, pour des examens avec des scénarios simples, la vitesse de l’ordinateur n’entre pas en ligne de compte. Lorsque des actions plus complexes sont nécessaires, diverses solutions sont à l’étude, comme l’installation d’une machine virtuelle qui garantit que les conditions soient les mêmes pour tous les étudiants.  —
www.unige.ch/-/eassessment
eassessment(at)unige.ch


Le témoignage d'une enseignante

Professeure au Département de droit commercial, Rita Trigo Trindade a commencé à s’intéresser aux examens au format électronique par simple curiosité. L’un de ses cours, «Droit des sociétés et comptabilité» étant construit entièrement sur la plateforme numérique Moodle, il lui paraissait cohérent de pousser la logique e-learning jusqu’au bout. D’autant plus que l’examen consistait en un questionnaire à choix multiple, particulièrement adapté au format numérique.

Elle a donc fait l’essai avec un examen d’un autre cours de droit des sociétés en présentiel. Les étudiants devaient dans ce cas rédiger leurs réponses. Ils avaient le choix entre passer l’examen sur papier ou sur ordinateur. La moitié environ a opté pour le format électronique et la professeure Trigo Trindade a eu le sentiment que les résultats étaient meilleurs pour ce groupe, ce qui s’est vérifié dans l’analyse des résultats (voir chiffres ci-dessous).

Invités à faire part de leur sentiment à l’issue de l’examen, les étudiants ont mis en avant la rapidité d’écriture au clavier, plus élevée pour eux que l’écriture manuscrite, la facilité à apporter des corrections et des ajouts ainsi que la possibilité de rendre une copie propre. Ce dernier aspect constitue également une amélioration du point de vue de l’enseignante, qui s’épargne des efforts liés à la calligraphie parfois douteuse des étudiants.

Rita Trigo Trindade relève d’autres avantages pour le correcteur. Les résultats sont stockés informatiquement, ce qui autorise les différents examinateurs à avoir accès simultanément aux travaux des étudiants et offre ainsi un gain de temps assez considérable dans le processus de correction, ce dont bénéficient aussi les étudiants. Enfin, le format numérique évite le souci de perdre une copie d’examen. —

 

EN CHIFFRES

Les examens électroniques connaissent un essor considérable depuis quelques années à l’UNIGE. En 2013-14, ils étaient 745 étudiants à avoir passé huit examens de ce type dans deux facultés. En 2017-18, ils étaient 3362 pour 43 examens dans sept facultés.

Un comparatif entre le format papier et électronique d’un même examen en 2017 a montré un taux de réussite de 70% pour le format électronique contre 60% pour le format papier. Lors de la session de rattrapage, le taux de réussite des étudiants qui avaient déjà fait l’examen électronique est passé à 72% contre 50% pour le format papier.

Quant à la possibilité d’utiliser son propre ordinateur, elle a été jugée, dans un questionnaire, plus rassurante par 31% des étudiants par comparaison avec le format papier, et par 65% par comparaison avec les ordinateurs de l’Université. Après le passage d’un examen à blanc, ces taux sont passés, respectivement, à 77% et 83%.