Journal n°152

Ces enfants qui réclament le droit au travail

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En novembre 2017, la communauté internationale s’est réunie en Argentine pour la quatrième conférence mondiale sur le travail des enfants, organisée par l’Organisation internationale du travail. Motivés par les discours du colauréat du prix Nobel de la paix Kailash Satyarthi, du président argentin Mauricio Macri et même du pape François, les délégués ont adopté la «Déclaration de Buenos Aires» dans laquelle ils s’engagent à éliminer toutes les formes de travail des enfants d’ici à 2025.

Ces déclarations internationales constituent une part importante du régime juridique international sur le travail des enfants. Cependant, pendant que la déclaration était présentée à la presse mondiale, au-dehors, quelques dizaines d’enfants travailleurs manifestaient contre leur exclusion de la conférence. Ils font partie de mouvements d’enfants travailleurs que l’on trouve en Amérique latine, en Afrique subsaharienne et en Inde. Au lieu d’une politique d’élimination, ils demandent à être protégés, notamment par une régulation de leur situation. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que ces mouvements tentaient d’influencer le développement du régime juridique international sur le travail des enfants. En fait, ils le font systématiquement depuis trente-cinq ans déjà. Pourtant, jusqu’à présent, la communauté internationale ignore ces mineurs qui ne correspondent pas au cliché de la jeune victime, sous le prétexte qu’ils ne sauraient pas «ce qui est bon pour eux».

Mais d’où vient cette résistance de travailleurs mineurs et comment la comprendre ? Et quel est le rôle exact que ces mouvements ont joué sur le plan international pendant ces trente-cinq dernières années? Ce sont les questions principales auxquelles j’essaie de répondre dans mes recherches. À l’aide de plus de 80 entretiens, de dépouillement d’archives, d’analyses documentaires et d’observation participante, je tente de reconstruire l’histoire sociojuridique du régime international du travail des enfants du point de vue de ces mouvements. Mes résultats préliminaires montrent que, malgré leur exclusion et le silence officiel sur leurs positions, ces mouvements ont joué un rôle important dans le développement du droit international concernant le travail des enfants. Je soutiens qu’il est donc important d’inclure leur histoire de résistance dans celle du droit international, et que la communauté internationale prenne en compte ce que ces enfants ont à dire, au risque de faire grincer quelques dents. —

CONCOURS
Edward Van Daalen a participé à l’édition 2018 du concours  «Ma thèse en 180 secondes».
Les inscriptions pour l’édition 2019 seront ouvertes dans le courant des prochaines semaines.