Journal n°163 du 28 sept au 10 oct 2019

Fouilles archéologiques dans la vallée de la Falémé

image-5.jpg

JACQUES AYMERIC
Doctorant en sciences,
mention archéologie
préhistorique
Sujet de thèse:
Défendre sa communauté pendant l’ère atlantique: Étude des fortifications africaines de la vallée de la Falémé (Sénégal
oriental).


Dans quel contexte s’inscrit votre thèse?
Les recherches sur la traite négrière et l’esclavage des Noirs ont permis une meilleure connaissance des processus commerciaux et des acteurs du commerce triangulaire qui s’est déroulé au cours de la période dite de «l’ère atlantique», soit du début du XVIe siècle jusqu’à la fin du XIXe siècle. Dans ces recherches, les populations noires des terres intérieures étaient souvent présentées comme des personnes indolentes ou comme des acteurs passifs, victimes des razzias dont les captifs alimentaient la traite. Ce qui n’est pas vrai! Une partie au moins de ces populations a développé plusieurs mécanismes de défense pour se protéger. Entre autres, elles ont construit des fortifications qui représentent justement l’objet de mon étude.

Quand avez-vous commencé votre travail de thèse?
J’ai commencé la thèse le 1er septembre 2015 et je l’ai soutenue le 30 août 2019. J’ai effectué trois campagnes sur le terrain. Au total, j’ai passé trois mois dans l’est du Sénégal, dans la vallée de la rivière Falémé, à la frontière avec le Mali.

Quel était l’objectif de votre travail?
Il y en avait trois. Le premier consistait à redécouvrir des sites fortifiés de l’ère atlantique, car la plupart de ces structures et les villages associés ont aujourd’hui presque disparu. Le deuxième était la reconstitution du contexte historique de chaque site archéologique identifié. Et le troisième était l’identification des techniques architecturales, c’est-à-dire la manière de construire ces fortifications, et la reconnaissance des modalités d’utilisation des structures défensives, c’est-à-dire leur fonction.

Quelle méthodes avez-vous employées?
J’ai choisi deux approches complémentaires: l’une archéologique, pour observer les faits matériels, et l’autre historique, afin de recontextualiser ces derniers. Dans la première, j’ai mené des prospections afin d’identifier les sites archéologiques fortifiés avant de mener des fouilles archéologiques sur certains sites présentant encore des vestiges de fortifications, puis d’effectuer une étude des vestiges architecturaux. Quant à la seconde, elle a consisté en l’étude des sources historiques orales que j’ai recueillies dans plusieurs villages auprès des habitants actuels de la zone d’étude et des sources écrites datant de l’ère atlantique et du début de la période coloniale européenne en Afrique de l’Ouest.