Journal n°163 du 28 sept au 10 oct 2019

Le jour où les grands volcans se réveilleront

 

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Éruption du Pinatubo en 1991 aux Philippines. DR

 Lancé cet été, le projet Caldera est emblématique des recherches interdisciplinaires menées au sein de l’Institut des sciences de l’environnement (ISE). Doté d’un financement Sinergia de 2,8 millions de francs, il a non seulement pour objectif de déterminer les impacts climatiques d’une éruption volcanique de forte magnitude, mais aussi ses effets sur la société, dans le contexte d’une économie globalisée.

En 1815, le réveil du Tambora en Indonésie a été à l’origine d’un bouleversement climatique mondial. Mais aucun cas analogue récent ne permet d’étudier les impacts potentiels d’une éruption sur les sociétés contemporaines. «La seule exception est l’événement survenu au Pinatubo en 1991 aux Philippines, qui a conduit à un refroidissement d’environ 0,5 °C dans l’hémisphère Nord, explique Sébastien Guillet, collaborateur scientifique à l’ISE. Mais cette éruption était toutefois minime, en comparaison avec celles qui se sont produites les mille dernières années».

En réunissant climatologues, historiens, économistes et agronomes, Caldera vise à connaître le plus précisément possible les réponses apportées par les populations aux catastrophes du passé. «Sur la base de ces connaissances, nous pourrons délimiter les zones les plus menacées actuellement, ce qui devrait permettre de prendre des mesures de protection adéquates», souligne Sébastien Guillet.

Un volet de notre recherche porte sur les impacts des techniques de géo-ingénierie, en particulier l’injection de dioxyde de soufre (SO2) dans la stratosphère, envisagée pour réduire les températures terrestres de manière analogue aux éruptions volcaniques

Le projet comporte deux autres volets. Le premier doit remettre en contexte l’influence des activités volcaniques sur les sociétés. «Un certain nombre de travaux laissent par exemple entendre que la Révolution française aurait été précipitée par les conséquences climatiques de l’éruption du volcan islandais Laki en 1783, relève Sébastien Guillet. Nos recherches tendront à dépasser ce déterminisme environnemental et à remettre le volcanisme à sa juste place.»

Le dernier volet porte, lui, sur les impacts des techniques de géo-ingénierie, en particulier l’injection de dioxyde de soufre (SO2) dans la stratosphère, envisagée pour réduire les températures terrestres de manière analogue aux éruptions volcaniques. «Il s’agit de fournir des informations fiables sur les risques associés à une telle technique, souligne Sébastien Guillet. L’on sait déjà que les grandes éruptions ont des impacts sur les quantités de précipitations. Des injections régulières de SO2 pourraient par conséquent mettre en difficulté les populations qui dépendent des moussons pour leurs récoltes.»  —