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1936-12-25, Denis de Rougemont à Henry Corbin

Cher vieux voisin invisible,

Ta lettre m’a fait un bien grand plaisir. Et je comptais bien faire un saut chez vous avant ce Noël, mais au lieu de cela j’ai dû travailler tous les soirs jusqu’à 2 ou 3 heures, et ce n’est qu’hier que je suis venu à bout du gros de l’ouvrage. En janvier, je serai plus libre. Il faut absolument que vous veniez un dimanche voir notre installation, notre petit « vainqueur », et que nous parlions de cent-mille choses. Nous partons demain pour 3-4 jours, mais ensuite, vous êtes sûrs de nous trouver toujours chez nous le dimanche. D’ailleurs j’espère passer auparavant rue de l’Odéon.

On me dit que tu as rapporté de Berlin un volumineux Hamann. Je brûle de le lire. Où paraîtra-t-il ? Quand ? — Et il y a l’Allemagne, et tout le reste…

Ce petit mot n’était que pour excuser mon silence, vous dire qu’on se réjouit de vous revoir, et vous apporter nos vœux de fidèle amitié. À bientôt !
Denis de Rgt