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1949-07-14, Henry Corbin à Denis de Rougemont

Très Cher,

Où es-tu actuellement ? Comment pourrions-nous nous rencontrer ?

Nous sommes arrivés de Téhéran il y a trois semaines, et restons en Europe jusqu’à la fin d’octobre. Quels sont alors tes projets pour cet été ?

Peut-être irons-nous au Congrès d’études cathares dans le pays de Foix (27/31 juillet). En tout cas nous serons sûrement à Ascona du 21 au 31 août, où je dois faire deux conférences à la Société Eranos. À part cela, nous resterons à Paris. Il doit donc y avoir moyen de coordonner nos trajectoires.

Ce petit billet n’a pas d’autre but. Sinon, il faudrait me mettre à te remplir un cahier. Il y a dix ans que nous ne nous sommes pas vus. Et pourtant j’ai l’impression de t’avoir [p. 2] quitté hier. Nous nous sommes manqués à quelques heures près, il y a trois ans, mais l’horaire était inexorable. Le peu que j’ai entendu de toi me suggère que nous avons suivi spirituellement des voies parallèles, et que nous nous comprendrons aussi bien que jadis.

Donne vite un petit mot, mon vieux Denis, pour me dire où et quand nous pourrions nous accrocher. Ne viens-tu jamais à Paris ?

Stella et moi nous t’envoyons nos plus fidèles amitiés.
Henry Corbin