Journal n°160

Le commerce du sable doit se trouver un modèle plus durable

image-4.jpgOn en fait des châteaux sur les plages, mais il entre aussi dans la composition du béton, de l’asphalte, du verre, de nombreux composés électroniques ou encore de cosmétiques. Seconde ressource la plus exploitée au monde après l’eau, le sable n’est cependant pas inépuisable. Et, à défaut de mettre en place des politiques de régulation dans ce domaine, les réserves disponibles ne suffiront pas longtemps à répondre à une demande en constante augmentation (on en consomme aujourd’hui 50 milliards de tonnes par an, soit trois fois plus qu’il y a 20 ans).

Gestion responsable


Présenter des pistes permettant de parvenir à une gestion globale et responsable des ressources en sable, c’est précisément l’objectif du rapport publié le 7 mai dernier par les chercheurs du GRID-Genève  (une plateforme qui réunit l’Université de Genève, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et l’Office fédéral de l’environnement) sous le titre Sand and sustainability: Finding new solutions for environmental governance of global sand resources.
Synthétisé par les étudiants du master en innovation, développement humain et durabilité (Faculté des sciences de la société), ce document rassemble les prises de position d’une vingtaine d’experts internationaux réunis à Genève en octobre 2018. Il insiste tout d’abord sur la nécessité de rompre avec l’idée que le sable est une ressource illimitée, l’apport en sable et en gravier dans l’océan de la plupart des grands fleuves de la planète ayant d’ores et déjà baissé de 50 à 95%, tandis que 75 à 90% des plages du monde reculent et que 25 îles indonésiennes ont purement et simplement disparu de la carte.

Matériaux alternatifs


Afin de corriger le tir, les auteurs du rapport prônent l’élargissement et le  renforcement des normes internationales sur l’extraction dans la législation des pays où le commerce du sable  est pour l’heure peu ou pas régulé. Limitant les dégâts portés aux écosystèmes, cette mesure augmenterait également la transparence et la fiabilité d’une filière économique qui, dans certaines régions du monde, est aujourd’hui contrôlée par des organisations mafieuses.
Ils recommandent également de favoriser l’emploi de matériaux alternatifs (déchets d’incinération, sciure, pneus usagés) pour la confection du béton, de rénover plutôt que de démolir ou de recourir à des pavements  «verts» comme cela se fait déjà en Inde ou en Chine.
Pour coordonner ces différentes actions, le rapport préconise la création de plateformes réunissant l’ensemble des acteurs concernés (pouvoirs publics, secteurs privés, ONG, monde associatif et collectivités locales) ainsi que la mise en place d’un système de suivi permettant une évaluation précise de la consommation et une planification à long terme. —