Journal n°160

La réalité virtuelle peut apaiser les enfants hospitalisés

image-8.jpgDifficile à 5 ans de se retrouver aux urgences. Entre le bruit, les lumières et les machines, ce n’est pas très rassurant. Et avec la peur, la douleur est encore plus forte.

Pour soulager au mieux les patients sans antalgiques, l’hypnose est utilisée depuis plusieurs années par les Hôpitaux universitaires de Genève. Une technique éprouvée chez les adultes, mais dont les résultats sont moins efficaces chez les tout jeunes. Pour améliorer son efficacité auprès de cette patientèle, Cyril Sahyoun et Stéphanie Mermet, respectivement pédiatre-urgentiste et infirmière hypnothérapeute, ont eu l’idée de transférer les techniques de l’hypnose dans la réalité virtuelle. Pour lui donner corps, ils ont alors contacté des professeurs de la Section de psychologie (FPSE), David Rudrauf qui utilise la réalité virtuelle dans ses travaux sur la conscience humaine, et Corrado Corradi Dell’Acqua, spécialiste de la douleur.

«Les recherches sur la douleur montrent qu’il existe différents moyens de la diminuer, comme les distractions ou le fait d’être de bonne humeur, assure le professeur Corradi Dell’Acqua. Chacun de ces facteurs a un effet limité, mais leur combinaison se révèle très efficace.»

Avec l’aide d’hypnothérapeutes et de concepteurs de jeux, les quatre compères ont alors développé un scénario pour leur outil de réalité virtuelle, destiné à soulager des enfants de 5 à 8 ans à qui l’on pose une voie veineuse.

Au moment où l’acte douloureux doit être exécuté, l’enfant est immergé dans un décor fictif où il doit aider son compagnon à sauver des animaux emprisonnés dans la glace

«Nous nous sommes appuyés sur une série d’interviews, d’une part avec des enfants pour connaître leurs préférences et, d’autre part, avec du personnel soignant pour comprendre ce qui était réalisable concrètement. Au départ, nous avions en effet imaginé des situations complexes qui exigeaient une grande synchronicité avec les actes médicaux, quelque chose d’impossible à mettre en place en pratique.»

Le scénario finalisé se structure en deux phases: le bambin est d’abord projeté dans une chambre d’enfant, un environnement qui lui est familier. Là, il rencontre un animal qui l’entraîne dans des exercices de respiration. Au moment où l’acte douloureux doit être exécuté, l’enfant est immergé dans un décor fictif où il doit aider son compagnon à sauver des animaux emprisonnés dans la glace.

Présenté au hackathon des HUG les 22 et 23 mars dernier, le scénario a séduit plusieurs participants qui ont réalisé le prototype en trente-six heures, puis l’ont testé sur un enfant. «Dans ce cadre, nous n’avons pas effectué de piqûre bien sûr, précise le professeur, mais l’enfant, complètement absorbé par le jeu, s’est laissé manipuler sans réagir.» Le prototype réalisé a remporté le prix «coup de cœur» de la manifestation. La prochaine étape consistera à le tester en conditions réelles aux urgences.  —