Journal n°167 - du 21 nov. au 12 déc. 2019

Quand la fureur s’empare des éléments

image-2.jpgDevenu géologue après avoir été comédien dans des productions TV et au théâtre quand il était adolescent, Iain Stewart était prédestiné à faire carrière dans la communication scientifique. En 2002, il est engagé comme expert scientifique sur le tournage du documentaire Helike – The Real Atlantis consacré à la destruction de la cité grecque d’Helike par un tremblement de terre suivi d’un tsunami en 373 avant J.-C. Son sens de la mise en scène, ses talents de narrateur à la voix éraillée et mâtinée d’accent écossais font mouche sur le petit écran. Sa participation à la série Earth: The Power of the Planet en 2007, pour le compte de la BBC, achève d’asseoir sa notoriété. Les médias n’hésitent pas à le désigner comme la «rock star» de la géologie.

Impacts sur la culture

Dans ces productions grand public, Iain Stewart endosse tour à tour le rôle du navigateur, du spéléologue ou de l’alpiniste pour raconter comment les forces géologiques à l’œuvre sous nos pieds contribuent à façonner les paysages et les sociétés humaines. Il s’intéresse en particulier à l’impact des catastrophes naturelles sur l’histoire des cultures. Un exemple parmi d’autres: la Grèce, berceau de la civilisation occidentale, est située à l’intersection de plusieurs plaques tectoniques et constitue de ce fait la zone d’activité sismique la plus importante d’Europe. Si les guerres et les pillages expliquent en partie la destruction des monuments antiques, les tremblements de terre ont causé des dévastations sans équivalent. N’auraient-ils pas eu lieu que de nombreux édifices disparus à tout jamais seraient encore debout aujourd’hui, les livres et les œuvres d’art qu’ils abritaient continuant à exercer leur influence sur le cours de l’histoire. Comment les Grecs anciens pouvaient-ils réagir en voyant leurs monuments s’effondrer en l’espace de quelques secondes, et quel impact ces événements cataclysmiques ont-ils eu sur leurs pratiques, s’interroge Iain Stewart.
Aujourd’hui professeur de communication en géoscience et titulaire de la chaire Unesco en géoscience et société à l’Université de Plymouth, Iain Stewart donne à son action un tour plus humanitaire. Les scientifiques étant les seuls à pouvoir sonner l’alarme en cas de catastrophe imminente, il est capital, selon lui, de revoir entièrement la palette d’outils de communication à leur disposition. Sa conférence à l’UNIGE sera axée sur cette question. Une grande partie de la difficulté dans ce domaine a trait à la prévision. Depuis quelques années, les scientifiques estiment que le prochain tremblement de terre en Turquie touchera Istanbul, sans savoir quand il surviendra. Même si des signaux avant-coureurs pouvaient être identifiés avant la catastrophe, il est logistiquement impossible de songer à évacuer une ville de 15 millions d’habitants. Comment dès lors préparer les populations à réagir au mieux à un tel événement? Réponse le 28 novembre à Science II.
Après une thèse à l’Université de Bristol sur les failles de la mer Égée,  Iain Stewart enseigne dès 1990 la géologie au West London Institute of Higher Education et à Brunel University en Angleterre. Puis, au début des années 2000, l’envie de s’adresser à un public plus large l’incite à réaliser des collaborations avec BBC Science. —

Jeudi 28 novembre  — 18h
Catastrophes naturelles: communiquer pour sauver
des vies par Iain Stewart
Sciences II, auditoire A 300