Journal n°168 - du 12 déc. 2019 au 13 fév. 2020

Les rêves effrayants entraînent au danger

image-4.jpgSe réveiller d’un mauvais rêve n’a rien d’agréable. Mais un songe terrifiant a aussi ses avantages. Dans un article paru le 30 octobre dans la revue Human Brain Mapping, Lampros Perogamvros, chercheur au Département de neurosciences fondamentales (Faculté de médecine) et au Centre de médecine du sommeil des Hôpitaux universitaire de Genève, et ses collègues ont  analysé les rêves de plusieurs personnes et ont identifié quelles zones cérébrales s’activaient lorsqu’elles ressentaient de la peur en dormant. Ils ont ensuite constaté que les zones cérébrales responsables du contrôle des émotions géraient de manière beaucoup plus efficace les situations de peur auxquelles les individus étaient confrontés une fois éveillés.

Les chercheurs genevois ont placé des électroencéphalogrammes à haute densité sur le crâne de 18 personnes qu’ils ont réveillées plusieurs fois par nuit pour les interroger sur leurs rêves. Cela leur a permis d’identifier deux régions cérébrales responsables de la peur ressentie lors d’un songe: l’insula, aussi impliquée dans l’évaluation des émotions à l’éveil et qui s’active en cas de peur ressentie, et le cortex cingulaire, partie prenante dans la préparation des réactions motrices et comportementales en cas de danger.

Les chercheurs ont demandé à 89 participants de décrire durant une semaine tous leurs rêves. Ils ont ensuite été placés dans un appareil d’imagerie par résonance magnétique et soumis à des images émotionnellement négatives et neutres. Il en ressort que les rêves avec de la peur entraînent une diminution de l’activité de l’insula, du cingulaire et de l’amygdale et une augmentation de celle du cortex préfrontal médial, connu pour inhiber l’amygdale en cas de peur.

Ces résultats confortent une théorie neuroscientifique selon laquelle, pendant les rêves, nous simulons des situations effrayantes qui nous préparent à y réagir une fois éveillés. —