Journal n°164 du 10 au 24 octobre 2019

Plus on vieillit, plus on oublie? Pas si sûr!

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Maximilian Haas

Doctorant en psychologie

Sujet de thèse: «Du laboratoire  à la vie réelle: le vieillissement cognitif repensé autrement»

 

Quelle est la problématique en arrière-plan de votre travail?

Dans notre quotidien, nous devons nous souvenir de beaucoup de choses. En effet, la majorité de nos pensées contiennent des intentions futures. Certaines sont de l’ordre du banal, comme devoir acheter du pain en passant devant le supermarché ou penser à souhaiter un bon anniversaire à quelqu’un. D’autres, pourtant, sont d’une plus grande importance: oublier de prendre ses médicaments pourrait avoir des conséquences fatales. Quand on entend parler de la mémoire et de l’âge, on pense communément au déclin cognitif. Dans sa forme la plus extrême, on retrouve la maladie dite d’Alzheimer et d’autres maladies neurodégénératives. Dit autrement: plus on vieillit, plus on oublie. Mais est-ce réellement toujours le cas?

Quelle hypothèse avez-vous voulu tester?

La mémoire prospective, c’est-à-dire celle qui nous aide à penser à toutes nos intentions futures, présente un motif paradoxal: quand on teste les intentions avec des tâches en laboratoire, les performances des jeunes adultes surpassent celles des personnes âgées. Pourtant, quand il s’agit de tâches de la vie quotidienne, les personnes âgées sont aussi performantes, voire même plus performantes que les jeunes et ce, indépendamment de leur motivation pour réussir ces tâches. Ma thèse vise à étudier le vieillissement cognitif sous un angle différent afin de comprendre si on retrouve également ce motif paradoxal quand il s’agit d’intentions propres à nous-mêmes.

Quelle méthode avez-vous employée?

Pour faire le pas du laboratoire à la vie réelle de la manière la plus objective possible, je me suis fait aider par la technologie: un système de capteurs intelligents installé à domicile a permis d’observer comment les gens réalisent des intentions pendant une période de 30 jours, dans le but de déterminer les facteurs contribuant à un déclin cognitif avec l’âge.

Avez-vous déjà obtenus des résultats?
Si oui, lesquels?

Mes résultats préliminaires confirment le motif paradoxal déjà connu. Ils vont un peu plus loin et semblent même indiquer un léger avantage aux personnes âgées. Comme l’étude est encore en cours, il est trop tôt pour en tirer des conclusions fiables. Mais une chose est sûre: le vieillissement ne nuit pas à (toute) notre mémoire.