Journal n°165 du 24 oct. au 7 nov. 2019

Ils ne l’attendaient plus, ils l’ont finalement eu

image-2a.jpgMichel Mayor: «J’avais été nominé plusieurs fois et j’avais pris le parti de ne pas trop m’exciter chaque mois d’octobre. Cela a donc été une vraie surprise. J’étais en Espagne pour une série de conférences. Quand je me suis connecté à Internet depuis l’aéroport de San Sebastian, ma boîte aux lettres électronique a débordé de messages, à tel point que je n’arrivais plus à les lire. C’est comme ça que j’ai compris ce qui se passait. Recevoir le Nobel, c’est une joie énorme. Un honneur incroyable.»

«Je pense surtout à mes collègues qui nous ont aidés. Les instruments qu’on a utilisés ne se font pas tout seuls. Notre découverte a mobilisé des quantités d’ingénieurs, d’informaticiens, d’opticiens.
Je me rappelle tout ce que je leur dois.»

«Ce n’est pas une découverte que nous avons faite en un seul jour. Il a fallu accumuler de très nombreuses mesures durant plusieurs mois, et c’est seulement après ce travail que nous avons commencé à croire que nous tenions quelque chose d’intéressant. Il y avait eu beaucoup de fausses annonces précédemment, ce qui nous a incités à redoubler de prudence.»

« Il reviendra à la prochaine génération d’astronomes de développer des techniques afin de détecter à distance la présence de vie sur des exoplanètes. Une chose est sûre: elles sont situées beaucoup trop loin pour envisager d’y migrer. Comme il n’y a pas de plan B, prenons soin de notre planète ici, elle est très belle et encore tout à fait habitable. »

 


 

image-2b.jpgDidier Queloz:
«Il y a énormément d’émotions, des émotions extrêmement fortes. C’était tellement violent, lorsqu’on m’a annoncé la nouvelle, que j’ai un blanc dans ma mémoire, je n’arrive pas à me rappeler ce qui s’est passé pendant quelques minutes. J’ai repris mes esprits entouré de mes collègues qui m’applaudissaient.»

«J’ai perdu le contrôle. Je me suis retrouvé ballotté d’un endroit à l’autre. Je dis cela pour donner une idée de l’intensité de la nouvelle. Lorsque je suis sorti le soir, le ciel était absolument étoilé, il faisait un temps splendide, et j’ai pensé que c’était parfaitement adapté à un Nobel de physique décerné à des astronomes.»
«Ce Prix est une récompense extraordinaire, la plus haute qu’un scientifique puisse espérer. C’est aussi une chance pour l’astronomie, un très bon véhicule de communication en direction du public, pour parler d’un sujet fascinant.»

«C’est également une reconnaissance pour la recherche sur les  exoplanètes et pour les centaines de chercheurs qui travaillent dans ce domaine.»

«C’est aussi la reconnaissance d’une certaine ténacité et du soutien dont nous avons bénéficié durant toutes ces années, de la part de nos différentes universités. Nous avons maintenant un rôle de porte-parole. J’espère que ma vie ne va pas en être trop bouleversée et que je vais pouvoir continuer mon travail de recherche, qui me passionne tellement. Mais c’est aussi une très belle opportunité de faire avancer la recherche sur les exoplanètes.»