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1927, Denis de Rougemont à Max Dominicé

Mon cher Domino,

Tu sais, je pense que Maury ne rentrera à Ferney que vers le 30 de ce mois. C’est pour cela que je ne t’ai pas écrit plus tôt, ne sachant ni ce que je ferais vers cette époque, ni si tu pourrais encore me recevoir. Je sais maintenant que je ne ferai rien ni avant ni après le 30 — rien, c’est-à-dire rien d’autre que cette lamentable préparation d’examens. (J’ai toujours eu des vacances d’été qui étaient des romans d’aventures. Cette année, un roman à un personnage où il n’y aurait que des longueurs, et qui risque de finir mal.)

[p. 2] J’attends un mot de toi pour me donner quelques précisions. Tu sais tout le plaisir que j’aurais à te voir, à voir Maury, et par la même occase, de Traz. Mais que cela ne te retienne en aucune façon de me dire franchement si ma visite dérangerait tes projets le moins du monde.

J’aurais dû t’écrire tout de suite après mon passage à Chanive pour te dire le plaisir que j’y ai eu, en général, et mon regret, en particulier, de n’avoir pu te voir mieux dans cette fouletitude. Mais enfin, cela se réparera puisque c’est, je l’espère, à bientôt — et bien amicalement.

Denis de Rougemont

 

P.-S. Vrai, je ne me sentais pas si « déplacé » parmi les Neuchâtelois du camp… je ne sais ce qu’en aurait pensé Michel ? Cela m’a fait très plaisir, tu le comprends.

— « Trâze » était l’homme à juter par excellence. Quelle timidité vous a pris ?