
Le « BDSM Studies LAB » est un espace pluridisciplinaire collectif de recherches et de co-création de savoirs autour des études sur le BDSM, à l’initiative de Ruby Faure (LEGS Paris 8) et de Constance Brosse (HEAD – Genève). Le programme se compose de trois ateliers collaboratifs, d’une conférence, d’une journée d’étude et de projection de films, et vise à rassembler des chercheur·euse·x et artistes qui travaillent sur les cultures, histoires, pratiques et représentations des sexualités kinky. Ce projet reçoit le soutien matériel et financier du CMCSS (Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités), de la HEAD – Genève (Haute Ecole d'Art et de Design), ainsi que de l'association Lestime. Les activités du BDSM Studies LAB sont publiques et ouvertes à toustes.
« Cybercocks et holodicks - incarnations trans dans les pratiques BDSM les-bi-trans-queer »
Dans cette conférence, l'auteur examine comment les rencontres BDSM lesbiennes, bisexuelles, trans et queer peuvent faciliter le remaniement et la remise en question des contours des corps, en s'appuyant sur les cadres théoriques élaborés Karen Barad et Donna Haraway. L'analyse de quarante-neuf entretiens qualitatifs semi-structurés approfondis avec des pratiquants BDSM les-bi-trans-queer aux États-Unis et en Europe occidentale, menés et analysés dans le cadre d'une version adaptée de la théorie ancrée, fait apparaître les corps comme des projets-frontières dans les pratiques BDSM les-bi-trans-queer. S'appuyant sur la reconceptualisation de la performativité en tant que matière par Barad, les rencontres BDSM sont comprises comme des dispositifs qui produisent des frontières déterminées dans des situations spécifiques et via des intra-actions performatives intimes. Les significations, les propriétés et les frontières des corps lors d'une rencontre BDSM n'ont pas encore été fixées, mais elles sont redessinées et renégociées dans l'intra-action. En référence au concept d'incarnation cyborg de Haraway, le « cybercock » est introduit pour discuter de la manière dont les godes-ceintures étendent la surface du corps et renégocient ses limites. Le terme « holodick » est utilisé pour désigner des entités qui sont expérimentées comme faisant partie du corps sans être pour autant matérielles au sens habituel du terme. Ces deux concepts remettent en question les frontières entre ce qui est considéré comme animé/inanimé et matériel/immatériel. Les pratiques sexuelles et BDSM des personnes interrogées apportent donc une contribution empirique aux débats théoriques entre les études trans et les nouveaux matérialismes.
Robin Bauer est actuellement professeur de travail social à l'Université coopérative d'état du Bade-Wurtemberg, à Stuttgart, où il enseigne principalement l'épistémologie et les théories de la différence. Il a enseigné les études sur le genre, les études queer, les études trans dans les universités de Hambourg et de Göttingen. Son doctorat en sociologie porte sur les pratiques et les communautés BDSM queer. Le livre issu de sa thèse a été publié aux éditions Palgrave en octobre 2014 sous le titre Queer BDSM Intimacies – Critical Consent and Pushing Boundaries.
EN
« Cybercocks and holodicks - trans embodiments in les-bi-trans-queer BDSM practices. »
In this conference, the author considers how les-bi-trans-queer BDSM encounters may facilitate the redrawing and questioning of the boundaries of material bodies, employing the theoretical frameworks of Karen Barad and Donna Haraway. Based on the analysis of forty-nine in-depth, semi-structured qualitative interviews with les-bi-trans-queer BDSM practitioners in the US and Western Europe, conducted and analyzed within an adapted version of the grounded theory framework, bodies emerged as boundary projects in les-bi-trans-queer BDSM practices. Drawing on Barad’s re-conceptualization of performativity as material, BDSM encounters are understood as apparatuses of phenomena that produce situationally determinate boundaries in intimate performative intra-actions of bodies. The meanings, properties and boundaries of the bodies, which enter the BDSM encounter, have not been settled yet, but they are re-drawn and renegotiated in the intra-action. In reference to Haraway’s concept of cyborg embodiment, the “cybercock” is introduced to discuss how strap-on dildos extend the surface of the body and renegotiate its boundaries. The term “holodick” is used for entities that are experienced as part of the body without being material in the usual sense. Both concepts question the boundaries between what is considered animate/inanimate and material/immaterial matter. The sexual and BDSM practices of interview partners therefore make an empirical contribution to the theoretical debate on transgender studies and new materialism.
Robin Bauer is currently professor for social work at the State Cooperative University of Baden-Württemberg, Stuttgart with the emphasis on epistemology and theories of difference. In the past he has taught Gender and Diversity Studies, Queer Studies, Transgender Studies at the Universities of Hamburg and Göttingen. His PhD in sociology focuses on queer BDSM practices and communities. The book based on the results of this study were published by Palgrave in October 2014 under the title Queer BDSM Intimacies – Critical Consent and Pushing Boundaries.
La conférence se tiendra en anglais, avec des traductions possibles vers le français pour le temps de la discussion. Il est aussi possible de suivre la conférence à distance via zoom en écrivant à faure.ruby(at)gmail.com en indiquant « Robin Bauer » en objet, ainsi que votre éventuelle affiliation ou intérêt pour la question.
10h00 - 10h30 | Accueil et introduction aux collections du Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités de l'Université de Genève (CMCSS), en particulier aux fonds dédiés aux sexualités BDSM.
10h30 - 11h30 | “Les autres perversions : lectures queer/trans de l’histoire BDSM au tournant du 19e et du 20e siècle”
Ruby Faure (LEGS Paris 8)
11h30 - 12h30 | “Faire, défaire, refaire le genre du travail du sexe avec le BDSM?”
Elorri Harriet (Institut des Etudes genre, UNIGE)
12h30 - 14h00 | Pause
14h00 - 15h00 | “Ce que le sexe fait de nous : quelques histoires de leatherdykes”
Constance Brosse (Head – Genève)
15h00 - 16h00 | “Trans & Kinky”
a Conversation with Jay Szpilka (SWPS University, Varsovie)
16h00 - 16h30 | Pause
17h00 - 18h00 | “The Kinky Librarian”
a Conversation with Vi Johnson (Carter Johnson Library)
18h00 - 18h30 | Clôture collective
18h30 | Apéritif partagé
20h30 | Projections gratuites au cinéma Spoutnik
Kink Queer Marseille, 2025 de Gráinne Donohue et Amélie Cabocel
Cocktail, 2019, de Marty et So
Les projections seront suivies d'une Q&A avec les réalisatrices.