Ce projet de recherche-création vise à ouvrir et cartographier les possibles des sexbots. Il existe déjà des prototypes épars, entre poupées en silicone interactives et compagnes-chatbots. Un regard intersectionnel est porté sur ces pratiques et productions (objets, espaces, signes, services) pour proposer des rencontres entre sexe et technologies ne reconduisant pas les stéréotypes existants.
Ce projet de recherche-création examine les enjeux politiques et esthétiques des sexbots (robots pour le sexe) afin de tendre vers un « design des sexualités machiniques » non normatif. Parce qu’il est conçu comme une figure subalterne, le robot est souvent féminisé et donc hanté par des représentations potentiellement sexistes, hétéro-normatives, racistes et validistes. Face à ces imaginaires étriqués et discriminants, il s’agit de cesser d’être ébloui par « les technologies » et « les futurs » qu’elles sous-tendent pour épouser une perspective critique sur de possibles alliances natureculture (D. J. Haraway) au cœur des sexualités humaines.
La réalisation effective des sexbots par le design et la technologie est incertaine : son temps, son souffle, son langage restent à inventer. Comment approcher l’arrivée de ces objets plus ou moins nouveaux comme un phénomène industriel ? Que nous apprend cette typologie d’objets sur les relations sexuelles médiées (voire prises en charge) par les technologies ? Quels nouveaux récits peuvent inventer les designers pour des sexualités dépassant l’opposition nature/technologie ? Face aux imaginaires informatiques éminemment genrés, est-il possible de penser des futurs numériques des sexualités ne reconduisant pas des formes traditionnelles d’oppression ?
Pour soutenir telle ambition, ce projet, porté par deux enseignants-chercheurs en design, s’appuie sur l’étude de documents de la collection Michel Froidevaux et d’un corpus de fictions audiovisuelles, textuelles et vidéoludiques, complétée de visites d’usines spécialisées. Au carrefour des feminist, queer et software studies, il adopte une méthode de recherche-création (tournée vers la pratique) avec la production en open access de cartographies analytiques, de fictions texte et audio et d’illustrations.
Les sexbots ne sont pas une question « futuriste », quand bien même leur réalisation se situe dans un futur plus ou moins distant. Ce projet propose de mobiliser les sexbots dans le temps présent pour penser de manière révolutionnaire nos sexualités, appareillées depuis longtemps et encore à réinventer.
Objectifs :
- Inventorier les sexualités déjà appareillées de façon plus ou moins « high tech »
- Clarifier le statut des sexbots pour dresser un inventaire de l’existant industriel
- Outiller les technologies numériques dans une approche féministe, anti-raciste et anti-validiste
- Interroger le « droit au sexe » et l’accès aux activités sexuelles
- Investir les défis éthiques des sexualités numériques
PANDELAKIS Saul. Sexbots: technosexualities for the present. Conférence donnée au symposium « Assembling Intelligence », HEAD – Genève, avril 2024
PANDELAKIS Saul. Les sexbots au risque du design : quelle sexualité avec les robots ?. Conférence donnée au séminaire « Actualité de la recherche » HEAD – Genève et UNIGE, décembre 2023
PANDELAKIS Saul. L’amour avec les robots : nous aimerons-nous dans la vallée de l’étrange ?. Conférence donnée dans le cadre du festival Les Utopiales à Nantes, octobre 2021
MASURE Anthony & PANDELAKIS Saul. Vibrants, ressemblants, questionnants : humains (et designers) face à l’avènement des sexbots. Conférence donnée dans le cadre du cycle Computer Grrrls, week-end « Dea Ex-Machina », Paris, Gaîté Lyrique, mai 2019
MASURE Anthony & PANDELAKIS Saul. (2017). Machines désirantes : des sexbots aux OS amoureux. In ReS Futurae, revue d’études sur la science-fiction, 10, « Imaginaire informatique et science-fiction »
MASURE Anthony & PANDELAKIS Saul. Podcast Killed By App. Épisode #03, « Recherche amour informatiquement », 2017