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Ce projet étudie les représentations artistiques et visuelles relatives aux liens entre le corps, les sexualités et la santé des femmes produites à partir de la nouvelle conception, autogérée et autonome, impulsée par le mouvement féministe des années 1970. 

Tuile: © Suzanne Santoro, Sans titre, 2011, crayon et aquarelle, cm 24x23, courtesy Suzanne Santoro et Lovay Fine Arts. 

La focalisation sur la contraception, l’avortement, l’éducation à la sexualité, ou le plaisir féminin dans le cadre du mouvement féministe des années 1970 a permis de nouvelles explorations artistiques dont les effets transformateurs sont visibles tant sur le plan socio-culturel, que sur celui des langages esthétiques. Cette recherche, ancrée dans une vision interdisciplinaire de l’histoire de l’art, s’intéresse à la manière dont les questions proprement artistiques peuvent être comprises comme des éléments structurants des processus d’émancipation et de subjectivation collective impliquant la sphère de la sexualité. En prenant pour point de départ le contexte européen, plus spécifiquement francophone, des années 1970, cette recherche entend proposer une lecture diachronique de la question en évoquant l’héritage de ce moment historique dans des pratiques actuelles. La recherche prend en examen le corps féminin dans sa dimension matérielle mais aussi du point de vue de ses représentations et se fonde sur une notion inclusive de la féminité impliquant au même titre femmes cis et trans.

Dans le cadre de la reconfiguration des savoirs, des pratiques et des représentations autour des sexualités et de la santé féminines, l’image joue un rôle primordial. La visualisation du corps féminin dans les sciences a historiquement été le lieu de la construction d’un savoir fondé sur l’objectivation et sur la fiction d’un regard neutre. Les pratiques visuelles émanant du mouvement féministe ont en revanche envisagé les représentations dans le cadre d’une lutte pour l’autonomie, permettant ainsi de penser l’image et le regard dans une perspective d’autodétermination. La fabrication de contenus visuels autonomes apparaît structurante de ces processus dans la mesure où elle est susceptible de produire une forme de contre-visualité du corps et de la sexualité féminines fondée sur la subjectivation du point de vue. Si le langage de l’objectivité médicale est reconfiguré à partir d’une remise en cause de la distance qui sépare le sujet et l’objet de la connaissance, la revendication d’un droit au plaisir fournit les bases pour une exploration inédite de la sexualité féminine, en lien avec les positions les plus radicales du féminisme des années 1960-1970. Les images de l’anatomie féminine, longtemps inexactes, les travaux artistiques sur le fonctionnement des corps féminins comme sur l’épanouissement et le plaisir sexuel, ainsi que ceux traitant du droit à l’avortement et plus largement du droit à disposer de son corps comme les luttes relatives au travail du sexe seront l’objet de nos recherches.