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1935-11-06, Denis de Rougemont à Jean Paulhan

Mon cher ami,

Il m’a fallu un peu de temps pour reprendre mes esprits, et je n’ai pas pu vous envoyer à temps ma note sur Kierkegaard. Elle en a profité pour s’allonger. Si ces six pages sont trop pour une note, peut-être cela ferait-il une courte chroniquea ? Joints, deux airs du moisb. (Citations garanties authentiques.)

Nous sommes bien installés. Il y a fort peu d’étudiants cette année — environ le dixième de ce qu’il y en avait en 1932 — et cela me laissera du temps pour travailler, je l’espère. J’attends avec impatiences des livres français ; et aussi la NRF de novembrec. Puis-je vous demander le Voltaire de Maurois (pour mes cours) et le dernier Jouhandeau (dont je parlerai dans Vendredid), et le Breuil que je n’ai pas reçu, et un ou deux autres dont je pourrais parler dans la NRF ? Il n’y a pas un livre français dans toutes les librairies d’ici. Et Mesures d’octobree ? Pardonnez cette avidité d’exilé !

Quelle a été la décision finale de Church ? Question d’argent à part, j’aime autant la NRF que Mesures. J’aurai une correction à faire vers la fin du troisième dialogue, il y a un raisonnement faux sur « l’obscurité » des paraboles. Faute d’orthographe.

[p. 2] Rien à écrire sur ce pays.

Les Nouvelles Nourritures ont-elles paru ?

Toutes mes amitiés à vous et à Madame Paulhan.
[Denis de Rougemont]