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1934-03-15, Denis de Rougemont à Jean Paulhan

Mon cher ami,

Ma femme a renvoyé en mon absence l’épreuve de ma note sur Ramuz à Abbeville. J’espère que cette épreuve vous sera revenue. Il n’y avait, paraît-il, pas de faute. Je vous enverrai dans un ou deux jours une autre note, sur Kafka, — c’est un grand théologien me semble-t-il.

Vous ai-je remercié pour les livres, que j’ai fini par recevoir à double, le premier envoi fait à « Je sers », ne m’ayant pas été réexpédié. Merci deux fois.

Quant à la chronique Un an plus tard, je ne pense pas qu’elle soit d’actualité après ce qui s’est passé en février. Des divers groupes qui ont collaboré au Cahier, seul subsiste l’Ordre nouveau. Esprit n’est plus qu’une revue, la Troisième Force s’évanouit, Plans a disparu, et les groupes d’extrême droite sont inexistants. Ce [p. 2] qui serait intéressant, ce serait de faire une autre chronique, dans quelques mois, sur le seul Ordre nouveau, qui se développe assez puissamment. De toute façon, je reste redevable à la revue d’une chronique déjà payée !

J’espère vous voir à Paris, si vous y êtes pendant la semaine du 7 au 15 avril.

Bien amicalement à vous.
D. de Rougemont

 

P.-S. Cette lettre n’a pu partir, à cause de la tempête. Je puis donc y joindre la note sur Kafka, « eine Auseinandersetzung mit Groethuysen », dont la préface est tout de même admirable.