Une initiative des sénateurs belges (février 1956)a b
Le baron Pierre Nothomb, entouré d’une quinzaine de sénateurs appartenant aux principaux partis, a convoqué à Bruxelles, les 13 et 14 janvier, une conférence d’études tendant à créer une « Communauté européenne de culture ».
Neuf objectifs étaient proposés par le document de travail n° 1 soumis aux participants : équivalence des diplômes, échanges universitaires, accords culturels multilatéraux, libre circulation des instruments de culture, création d’un institut européen de hautes études, d’une académie littéraire européenne, d’une commission d’historiens, échanges entre les musées et échanges de concerts, instituts scientifiques européens.
Les quatre premiers objectifs sont inscrits au programme culturel du Conseil de l’Europe et de son comité des experts culturels, de l’Union de l’Europe occidentale, voire de l’Unesco, qui leur ont apporté des solutions encore partielles mais concrètes. Plusieurs des autres points du programme ont été réalisés par des initiatives privées (le Collège d’Europe, à Bruges, le CEC à Genève). Enfin, le Laboratoire européen de recherches nucléaires (CERN), en cours de construction à Genève, la Société européenne de l’énergie atomique et le plan d’Euratom préconisé par M. Monnet, comblent pour le moment les vœux exprimés par le point 9.
La conférence de Bruxelles, après avoir rendu hommage à ces efforts en cours et aux réalisations déjà acquises, s’est bornée à adresser aux gouvernements un pressant appel en vue « d’approfondir » ce travail. Renonçant à créer elle-même un organisme nouveau, la conférence a cependant demandé aux gouvernements d’instituer « une organisation culturelle » basée sur la communauté déjà existante des Six, mais ouverte à tous les autres pays d’Europe.
On distingue mal en quoi cette organisation différerait de celles du Conseil de l’Europe et de l’Union de l’Europe occidentale. Toutefois, nous souhaitons vivement que la réponse des gouvernements ainsi interpellés, ne décourage pas les sénateurs belges et les personnalités réunies autour d’eux à Bruxelles : la tâche vitale à laquelle ils ont promis leur appui réclame en effet la collaboration de toutes les forces de bonne volonté disponibles en Europe.
[p. 20] Il est trop clair qu’elle déhorde les capacités de ceux — trop peu nombreux — qui s’y sont consacrés jusqu’ici, avec des moyens scandaleusement limités. Obtenir que ces moyens soient augmentés, d’une manière massive et rapide, mais sans disperser les efforts ni créer de nouvelles confusions dans l’opinion publique, telle nous paraît être la tâche à laquelle les initiateurs du congrès de Bruxelles pourraient consacrer leur volonté européenne et l’autorité dont ils disposent.