Pour un Dialogue des cultures [Note liminaire] (avril 1962)a
Dès les premières publications du CEC apparaît une idée qui reviendra par la suite comme un leitmotiv : entreprendre un dialogue entre l’Europe, d’une part, considérée non comme une addition de nations rivales, mais comme une unité de culture, et d’autre part les nouvelles unités de culture indépendantes qui se manifestent dans cette seconde moitié du xxe siècle, notamment celle de l’Inde, du monde arabe, de l’Afrique noire et de l’Amérique latine.
Réveiller le sentiment d’unité des Européens était certes l’objectif initial et principal du CEC, et le demeure. Mais il est apparu, au cours des ans et de l’évolution rapide du monde,
1° que la confrontation des Européens de divers pays avec d’autres cultures serait sans doute l’un des moyens les plus efficaces de cette fin ;
2° qu’un problème tout à fait analogue se posait aux nouvelles nations de l’Afrique et de l’Asie ;
3° que la meilleure méthode possible pour favoriser les unions régionales sans fomenter du même coup des nationalismes agrandis et mutuellement hostiles, était la méthode du Dialogue au niveau des cultures vivantes.
Après dix ans d’études et d’activité à l’intérieur de la communauté européenne, le CEC a senti que le moment était venu de passer au stade de ce dialogue mondial, et d’en instituer les conditions pratiques. Il remercie la Fondation européenne de la culture de lui avoir fourni les moyens matériels indispensables pour initier cette ambitieuse et nécessaire action d’avenir, pour réunir un premier colloque interculturel et pour publier le compte rendu de ses travaux.
[p. 2] Le colloque s’est réuni à Genève du 15 au 17 septembre 1961. Sa préparation n’a pas pris moins d’une année, consacrée à des voyages, à des contacts personnels, à l’étude des conditions culturelles régionales, à des recherches bibliographiques et à l’élaboration du document de travail que nous publions ci-après, à titre d’introduction au compte rendu in extenso des débats.
L’action lancée par le colloque se déroule actuellement sur tous les continents dans le climat très favorable qu’ont créé les journées de septembre à Genève.