Recherches

Le schisme interactionnel dans la formation aux métiers de services : une configuration de participation emblématique de la pratique professionnelle accompagnée

Subside du Fonds national suisse pour la recherche scientifique (SNF) de 2017 à 2019 sous le numéro de requête 100019_169743

 

Présentation du programme de recherche

Dans le champ de la formation professionnelle initiale ou continue, la « pratique professionnelle accompagnée » désigne des situations dans lesquelles des apprentis ou étudiants novices accèdent à des activités de travail sous la supervision rapprochée de membres plus expérimentés d’une communauté professionnelle. Ces situations sont omniprésentes dans les contextes de « stages » et plus généralement dans les espaces dévolus à la construction d’une expérience « pratique » ou de « terrain ». Elles se caractérisent par une grande complexité du point de vue des conditions de participation à l’interaction, dès lors qu’elles rassemblent souvent une multiplicité de participants et sont sous-tendues par une pluralité d’enjeux.

L’objectif de ce programme de recherche est d’étudier un phénomène interactionnel fréquemment observable dans les situations de pratique professionnelle accompagnée : le schisme interactionnel. Il s’agit de situations dans lesquelles le format de participation se scinde en plusieurs foyers d’interaction conduits parallèlement. C’est le cas par exemple, dans le champ de l’éducation de l’enfance, lorsque la tutrice conduit un échange avec un enfant, pendant que la stagiaire continue d’animer son activité avec le reste d’un groupe. Ces formats de participation retiennent notre attention parce qu’ils constituent un processus interactionnel hautement complexe et encore peu documenté dans la recherche sur les interactions sociales. Les schismes semblent également emblématiques des situations de pratique professionnelle accompagnée dans la formation aux métiers de services, dans la mesure où, dans ces contextes, le guidage des tuteurs peut difficilement interrompre le travail adressé aux usagers. A ce titre, les schismes ne sont pas dénués d’enjeux pour les apprentissages et la formation professionnelle.

Dans ce contexte, ce programme de recherche poursuit trois objectifs complémentaires. Premièrement, il s’agit de proposer une analyse approfondie et systématique des « schismes interactionnels » observables dans un corpus empirique recueilli dans le champ de l’éducation de l’enfance. Cette configuration de participation a été repérée mais n’a pas pu être systématiquement décrite dans le précédent projet. Deuxièmement, il s’agit d’élargir la description des schismes interactionnels à un autre contexte de formation, celui de la formation des Techniciens en radiologie médicale (TRM). Il s’agit là d’un autre type de métier de services, mais présentant d’importantes contraintes sur le plan technologique. L’objectif, de ce point de vue, est de comparer les différents corpus et de déterminer en quoi les pratiques professionnelles de référence peuvent exercer une influence sur les conditions d’émergence et d’accomplissement des schismes interactionnels dans la pratique professionnelle accompagnée. Enfin, il s’agit de développer des offres de formation continue des tuteurs, fondées sur la problématique de l’adaptabilité et de l’ajustement des formats de participation dans la pratique professionnelle accompagnée.

 

Collaborateurs du projet

  • Isabelle Durand (post-doctorante)
  • Marianne Zogmal (post-doctorante)
  • Vassiliki Markaki (collaboratrice scientifique)

 

Publications issues du programme de recherche

  • Markaki, V. & Filliettaz, L.(2017). Shaping participation in vocational training interactions: the case of schisming. In S. Pekarek et al. (Ed.). Interactional Competences in Institutional Settings: from School to the Workplace. London : Palgrave.

  • Markaki-Lothe, V., & Filliettaz, L. (2017). "Comment faire les remarques dans l'effervescence du travail?": une analyse interactionnelle des scissions des cadres participatifs dans la formation professionnelle des éducateurs de la petite enfance. Travaux neuchâtelois de linguistique, (67), 79-102.