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L’optimisme chrétien est une grande lâcheté.
L’esprit conservateur repose sur l’optimisme.
C’est parce qu’il jouit sans vergogne du produit de ses vols, qu’il nie le malheur. Il est facile de dire que tout va bien, quand on ne fait rien sinon pour soi-même.
Et, non content de nier le malheur d’autrui, l’esprit conservateur veut être optimiste sur l’inconnu des cieux, car il importe à son égoïsme jouisseur de croire au paradis, en la puissance de Dieu et en un salut assuré. Car il importe à sa quiétude de condamner le doute et d’exalter la foi.
Voilà de quoi est fait l’optimisme conservateur. C’est son égoïsme qui lui fait croire au bien actuel et au bien céleste.
Combien plus belle est l’attitude de celui qui voit le mal actuel, qui croit au progrès et espère en Dieu, sans rien connaître de ce qui l’attend aux cieux.
Jésus est cet homme-là .
Il n’était en rien satisfait du présent. Il savait les douleurs d’autrui et les soulageait toutes. Il agissait comme s’il ne croyait pas en la providence toute-puissante, puisqu’il luttait contre le mal. Il pleurait sur son temps.
Jésus croyait au progrès. Il priait pour la venue du royaume de Dieu et le savait terrestre. Quand il le disait au-dedans de nous-mêmes ou en dehors du monde, il ne parlait jamais que des forces divines qui le feront surgir et non de son avènement même. Il vivait dans l’avenir.
Jésus ne pensait pas au ciel, mais s’oubliait lui-même. Il croyait à l’immortalité, mais dans mieux travailler.