Cours

Les matres lectionis

Comme nous l'avons vu, jusque très tard (VIIe s.) l'hébreu écrit n'indiquait pas les voyelles. Pourtant, celles-ci existaient bel et bien dans la langue parlée et lorsque le texte était lu à haute voix.

Dès lors, déjà à l'époque de la rédaction de la Bible hébraïque, on a indiqué la présence de certaines voyelles grâce au "détournement" de trois consonnes, le י, le ו et le ה.

Lorsque ces trois lettres ne sont pas utilisées comme des consonnes, mais indiquent seulement la présence d'une voyelle, on parle de matres lectionis, "mères de lecture".

Fonctions étymologiques des matres lectionis

Le développement des matres lectionis, s'explique d'abord par des raisons étymologiques.

Le syntagme לי signifiant "à moi" se prononçait à l'origine liya. Or, à la suite à la chute de la plupart des voyelles finales en hébreu classique, le terme s'est prononcé lî. La consonne י n'a cependant pas été supprimée, mais à perduré comme mater lectionis.

Le terme יום signifie "jour" et se prononce yôm. La présence de la mater lectionis ו pour indiquer la voyelle "ô" s'explique par la contraction de la diphtongue "aw" présente dans la prononciation originelle de ce terme qui se prononçait yawm. Ici aussi, le ו est resté comme mater lectionis même s'il a perdu sa valeur consonantique.

Usage classique des matres lectionis

Même si les plus anciennes matres lectionis s'expliquent par des raisons étymologiques, assez rapidement, elles ont été ajoutées à tout une série de mots afin d'aider la lecture.

  • Le yôd י peut servir pour indiquer les voyelles "i", "é", et parfois "è".

  • Le wāw ו peut servir pour le son "o" ou le son "u".

  • Le heʾ ה n'est utilisée comme mater lectionis qu'en fin de mot et peut servir pour les sons "a" (long), "é", "è" ou "o".

Avant que les voyelles n'aient été systématiquement indiquées, les matres lectionis étaient fort utiles, elles permettaient souvent de distinguer à l'écrit des termes différents qui sans elles seraient identique.

Le terme "mur" se prononce qîr alors que le terme signifiant "froid" se prononce qar. Sans mater lectionis, les deux mots s'écriraient de la même façon קר. Heureusement, tel n'est pas le cas, car le terme "mur" qîr prend une mater lectionis et s'écrit קיר.

Les matres lectionis

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Particularités et exceptions

En hébreu biblique, les matres lectionis apparaissent en principe toujours pour les voyelles longues (sauf dans les écrits tardifs).

Certains mots ont deux graphies, l'une avec mater lectionis et l'autre sans. Cela peut notamment dépendre des manuscrits. On remarque en effet que dans certains d'entre eux apparaissent beaucoup plus de matres lectionis que dans d'autres.

Exemple

Le nom "David" peut s'écrire דוד ou דויד.

On parle d'écriture pleine lorsque les matres lectionis sont présentes et d'écriture défective lorsqu'elles sont absentes.

L'écriture pleine est obligatoire lorsqu'une voyelle se trouve à la fin d'un mot.

En milieu de mot, elle est facultative. Généralement, on ne trouve pas deux leçons pleines en cours de mot, sauf en hébreu post-classique.

Exemple

Le terme mᵉqômôt (pluriel de מָקוֹם mâqôm le "lieu") peut s'écrire מְקֹמֹת (hébreu archaïque), מְקֹמוֹת ou מְקוֹמֹת (hébreu classique) et מְקוֹמוֹת (hébreu tardif).

Le ʾālæph quiescent

Le ʾālæph n'est pas une mater lectionis au sens strict. Cependant, il se comporte parfois comme tel. Il peut alors servir de support à n'importe quelle voyelle. La présence du ʾālæph quiescent s'explique toujours par des raisons étymologique.


✏️ Exercice

Vous pouvez maintenant effectuer l'exercice 6.

Le corrigé se trouve dans l'onglet Exercices de la leçon.