Les verbes à gutturales

Tableau récapitulatif des 7 classes de verbes faibles

→ Vous pouvez relire l'introduction aux verbes faibles de la leçon 5.

Rappel général concernant les verbes faibles
Dans l'état de la langue dont témoigne le TM, on peut considérer que toutes les racines verbales ont 3 radicales.
Or, les problèmes viennent du fait que :
- plusieurs radicales sont des consonnes plus ou moins faibles.
- plusieurs radicales peuvent être comparées à des "béquilles" visant à compenser la radicale manquante dans des verbes avec deux radicales primitives.

Rappelons que les 7 principales classes de verbes faibles sont établies selon un ordre basé sur le verbe פעל (→ "faire", "agir"). Ainsi, "פ״נ" signifie qu'un nûn figure comme première radicale du verbe (ex : נשׂע) et ל״ה indique qu'un heʾ figure comme troisième radicale (ex : עלה).

En plus de ces 7 classes principales, les verbes à gutturales posent quelques problèmes. En effet, les gutturales ne peuvent pas prendre de redoublement (que certains modes exigent) et influencent parfois la vocalisation. Parmi les verbes faibles, les verbes à gutturales sont ceux qui se rapprochent le plus des verbes forts.

→ On parle de verbes à 1re, 2e ou 3e gutturale, selon la place de la gutturale dans la racine.

Il y a donc 7 classes de verbes faibles, auxquels ils faut ajouter les verbes à 1re, 2e et 3e gutturale.

Particularités des verbes à gutturales :

- les consonnes ח ,ה ,א et ע sont dites gutturales

- le ר , sans être vraiment une gutturale, fonctionne à peu près de la même façon

- א et ה font l'objet de classe de verbes faibles particulières (ל״א ,פ״א et ל״ה).

• L'essentiel en bref
• Les gutturales ne prennent pas de redoublement.
  Le dāgeš caractérisant les intensifs (Piʿel, Puʿal et Hitpaʿel) disparaît donc dans les verbes à 2e gutturale. De même au Nifʿal yiqtol des premières gutturales. Le plus souvent un allongement de la voyelle précédant la gutturale se présente.

  La présence d'une gutturale peut engendrer plusieurs modifications de vocalisation. Le šewaʾ est souvent remplacé par une voyelle ḥaṭeph. En outre, les gutturales attirent les pataḥ → il y a un lien structurel (sémitique primitif) entre les gutturales et le son "a".

 première gutturale

• Au Nifʿal yiqtol, imp. et inf., les verbes forts présentent un redoublement de la 1re radicale. Comme les gutturales ne peuvent pas prendre de dāgeš, ce dernier est remplacé par un allongement compensatoire de la voyelle de la préformante.
  
  En pratique, le "i" est remplacé par un "e"

• Au Qal yiqtol, la voyelle de la préformante est "a" ou "æ" au lieu du "i" habituel.

• Au Nifʿal ou Hifʿil qatal, la vocalisation du nûn ou du heʾ est "æ" au lieu de "i".
  NB : cette règle n'est pas liée à la chute d'un dāgeš, ni même au lien structurel des gutturales avec le "a".

• Le šewaʾ audible sous la gutturale est remplacé par une voyelle ḥaṭeph (le plus souvent ḥaṭeph pataḥ). Ce cas se rencontre lorsque la 1re gutturale est en début de forme (→ Qal qatal, imp., inf.). Ce phénomène apparaît également dans certaines formes des verbes à 2e gutturale.

Dans le tableau du verbe fort de votre grammaire, quels sont les cas de figure où la 2e radicale est vocalisée par un šewaʾ audible ?

Vers la solution

• Les syllabes se fermant par une gutturale peuvent remplacer le šewaʾ sous la gutturale par le ḥaṭeph correspondant à la voyelle précédente. On parle alors de liaison douce au lieu de la classique liaison dure.
  Le cas se présente au Qal yiqtol, au Nifʿal qatal et à toutes les conjugaisons du Hifʿil et du Hofʿal.
  Lorsque la liaison douce est suivie d'un šewaʾ, la voyelle ḥaṭeph est allongée.
  
  → Ce phénomène ne se produit pas seulement dans les formes conjuguées. En général, les gutturales acceptent mal un šewaʾ, même muet.
  
  

Deuxième gutturale

• Aux formes intensives du Piʿel, Puʿal et Hitpaʿel, les verbes à 2e gutturale ne peuvent prendre le dāgeš qui permettait de reconnaître ces modes.
  
  Surtout avec le ר et א, le redoublement peut être compensé par l'allongement de la vocalisation précédente → a → ā / i→e / u → o.

	Verbe fort	2e gutturale
Piʿel yiqtol 3e m. sg.	יְקַטֵּל	יְבָרֵךְ
Piʿel qatal 3e f. sg.	קִטְּלָה	בֵּרַכָה
Puʿal qatal 3e m. sg.	קֻטַּל	בֹּרַךְ

Surtout avec le ח ,ה et ע, le dāgeš est rarement remplacé par un allongement vocalique. On parle alors de redoublement virtuel.

	Verbe fort	2e gutturale
Piʿel yiqtol 3e m. sg.	יְקַטֵּל	יְנַחֵם

→ Il s'agit d'une règle essentielle qui oblige dans ce cas à reconnaître les intensives uniquement grâce à la vocalisation.

• Sous l'influence de la gutturale, au Qal yiqtol et impératif, la voyelle sous la gutturale est le plus souvent pataḥ au lieu de ḥôlæm.

troisième gutturale

Les formes verbales se terminant par les gutturales ע et ה) ח et א font l'objet de classes particulières de verbes faibles) ont tendance à remplacer la voyelle précédente par un pataḥ, ou à introduire un pataḥ furtif sous la gutturale en laissant la voyelle normale.

		Verbe fort	3e gutturale
	Qal yiqtol 3 m. sg.	יִקְטֹל	יִשְׁלַח
	Piʿel qatal 3 m. sg.	קְטֵּל	שִׁלַּח
Mais	Qal inf. construit	קְטֹל	שְׁלֹחַ

 Exercice

Vous pouvez maintenant effectuer les exercices 1 et 2. Le corrigé se trouve dans l'onglet Exercices de la leçon.