Cours

Les voyelles variables et invariables

L'hébreu, comme le français, connaît des voyelles variables et invariables.

Pour le français, on comparera le "é" de "créer", que l'on retrouve dans n'importe quelle conjugaison, et le "e" ou "è" du verbe "acheter" qui varie ➔ "j'achète".

Les voyelles invariables

Les voyelles invariables proviennent des voyelles longues de l'hébreu structural (c'est-à-dire l'hébreu parlé à l'époque la plus ancienne à laquelle les grammairiens pensent pouvoir remonter).

Il y en a 3 :

ī* → י ִ  //  ā* → וֹ   //   ū* → וּ  

Pour ces voyelles primitivement longues, il n'y a pas de changement, quelle que soit la place de l'accent par rapport à la voyelle. C'est ainsi que le "û" du mot סוּס ne varie pas, qu'il soit à l'état absolu ou à l'état construit.

Les voyelles variables

Les voyelles brèves de l'hébreu structural changent en fonction de la place de l'accent.

Or, en hébreu, il y a généralement un accent par mot qui se trouve sur la dernière syllabe. Quant à la syllabe prétonique, elle est faiblement accentuée.

Il existe 3 voyelles brèves de base :

a* bref structural ➔ pataḥ // i* bref ➔ ḥîræq ou segôl // u* bref ➔ qibbûṣ ou qāmæṣ ḥāṭûp

Pour les voyelles variables, 3 cas de figure peuvent se présenter.

1. La voyelle brève originelle demeure.
C'est le cas dans les syllabes fermées non accentuées (ou faiblement accentuées). Pour le pataḥ, c'est aussi parfois le cas dans les syllabes accentuées.

Exemple
Le ḥîræq de מִדְבָּר "désert" ou le pataḥ de צַדִּיק "juste" ne varient pas, quelle que soit la place de l'accent.
🔎 Remarque
Dans צַדִּיק la première syllabe est fermée par le redoublement (dāgeš dur) du ד. Le mot se transcrit ṣaddîq et est formé de deux syllabes: ṣad - dîq.

2. La voyelle brève s'allonge.

a. Lorsque la syllabe fermée est tonique.

Exemple
Le mot "la main", en hébreu structural *yad, n'est pas accentué lorsqu'il est à l'état construit (l'accent est sur le nomen rectum). Dès lors, à l'état construit ce terme est vocalisé avec la voyelle brève יַד־ (➔ atone).
Par contre, à l'état absolu, la syllabe est accentuée et le a* s'allonge יָד (➔ tonique).

De même, "fils" בֶּן־ (➔ atone) ; בֵּן (➔ tonique) ; structural : *bin

b. Lorsqu'une syllabe ouverte est tonique ou prétonique.

Exemple
Le qāmæṣ de גָּדוֹל est prétonique, donc le a* est allongé ; structural : *gadôl.

3. La voyelle brève est réduite.

Lorsqu'une syllabe fermée perd sa position tonique ou prétonique, réapparition de la voyelle courte primitive.

Exemple
Le ḥôlæm de כֹּל "tout" à l'état absolu devient un qāmæṣ ḥāṭûp (כָּל־) à l'état construit.

Pour les syllabes ouvertes, la réduction se fait grâce à un šewaʾ audible.

Exemple
דָּבָר "la parole" devient דְּבַר à l'état construit.
 
🔎 Remarque 1
Attention à la pause. En fin de verset ou de partie de verset, il y a une accentuation plus forte qui produit souvent des allongements atypiques.
 
🔎 Remarque 2
Lorsque dᵉbārîm דְּבָרִים "les paroles" est à l'état construit, selon les règles de vocalisation, il devrait y avoir deux šewaʾ audibles qui se suivent. En effet, la première syllabe (דְּ) que la deuxième (בָ) ne sont pas accentuées et devraient réduire la voyelle en šewaʾ audible. Or, en hébreu, deux šewaʾ audibles ne peuvent pas se suivre. Dès lors, ces deux syllabes ouvertes atones sont traitées comme une syllabe fermée atone vocalisée "i" (➔ דִּבְרֵי dibrê).

Les voyelles variables

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