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1940-08-23, Georges de Rougemont à Denis de Rougemont

Mon cher Denis,

Nous venons de recevoir votre télégramme. Merci. Nous aimons à nous représenter qu’en arrivant à Barc[elone], vous aviez derrière vous la partie la plus fatigante de votre long voyage. Nous continuons à penser constamment à vous.

Je dépouille donc ton courrier. Quelques demandes de conférences, c’est vite répondu. Les réponses aux indiscrets qui demandent des précisions sur tes études, écrits, occupations, etc., nécessitent un plus grand effort ; mais je suis à même de les fournir. Si cela continue, je ferai taper à la machine le « curriculum » que j’ai composé ; de la sorte je gagnerai du temps. [La seule] lettre de Reynold est susceptible de t’intéresser ; je te la transmets donc. Hier, reçu un télégramme d’[Illisible], à ton adresse : « Puis-je vous donner adresse New York, où je serai probablement aussi fin septembre ? » Je lui ai communiqué ton adresse à Lisbonne. À l’occasion de ton départ, annoncé par la Feuille d’Avis, je reçois d’affectueux messages d’amis : M. Neeser m’écrit : « Comme il est normal que Pro Helvetia s’intéresse non seulement aux Suisses [p. 2] d’Amérique, mais à ce monde anglo-saxon, qui est à l’heure actuelle, notre espérance terrestre, et qui deviendra l’unique refuge de l’esprit de la Réforme. »

Voici les photos que j’ai tirées la semaine dernière ; elles vous feront plaisir j’espère. L’[Illisible] définitif est bien vide ; Anne-Marie, désolée de ne pas vous avoir dit adieu, nous est arrivée pour son séjour.

Nous vous embrassons de tout notre cœur et tout simplement.
Ton père aff.
G. de R.