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1952-08-06, Denis de Rougemont à Alice de Rougemont

Chère Maman,

Deux mots en hâte, nous partons dans quelques heures, à six heures du matin, pour Marseille et la Corse, cela s’est finalement arrangé, et ce sera bon pour santé et travail. Je t’envoie mon discours1 du 1er août, dont j’ai eu d’excellents échos, côté populaire, malgré les tracts communistes demandant qu’on me mette « à la porte » (de quoi ?).

Nino est depuis trois jours chez son professeur d’allemand, Imhof, qui le fait travailler dur : c’est exactement ce qui peut lui rendre le plus grand service dans la vie. Nous y sommes allés ce soir, et il semblait content, assez gai, et assez décidé à travailler… Il a pu aller auparavant à Aix en vélo-solex, puis à Barcelone avec les Alexander, et retour en train le 1er août au matin. Il aura donc eu ses vacances. William-Jean le conduira peut-être à Areuse pour un week-end, s’il a la voiture.

J’espère que ton abcès dentaire se résorbe : par ces chaleurs, toutes ces petites bêtises deviennent mauvaises et il faut y faire attention.

Je te quitte pour terminer des rapports pour le Centre, et des lettres, et mes bagages… C’est toujours ainsi la veille d’un départ. Notre adresse : la Casarella, Calvi, Corse. Jusqu’au 1er septembre en tout cas.

Nous t’embrassons, et A.-M. aussi.
Denis