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1939-03-03, Georges de Rougemont à Denis de Rougemont

Mon cher Denis,

Nous étions hier soir à l’aula pour entendre Claude DuPasquier, résumer les deux premiers actes de ton Nicolas, et Kiehl lire le troisième acte. L’exposé de C. DuPasquier fut écouté avec intérêt, et la lecture de Kiehl suivie dans un silence impressionnant. À la sortie, j’ai recueilli les félicitations du conseiller d’État Antoine Borel, du colonel Borel, de mon ami Favarger… Mon camarade Jean Bauler, présent, s’est éclipsé ; je suis curieux de savoir s’il a l’intention de continuer sa campagne de dénigrement systématique. Tu as composé en quelques semaines quelque chose de grand et de beau à tous égards. C’est pour toi un succès de plus.

[p. 2] Je pense avec satisfaction et reconnaissance à l’impression que produisit sur les spectateurs ce mystère d’une si profonde inspiration chrétienne.

Ta collaboration au Figaro m’impressionne ; M. [illisible] de Genève nous a envoyé la première page du numéro du 23 février (l’ère des religions) ; la page 3 manquant, nous n’avons que la première colonne ; je n’ai pas réussi, à Neuchâtel, à mettre la main sur le journal complet. Nous l’enverrais-tu ? Lu la critique d’André Rousseaux dans le numéro du 25 [février]a.

Les Pierre sont pour deux jours chez les Max ; nous les avions hier pour le dîner ; Pierre n’a pas repris son travail, mais il est enchanté de se retrouver à Lausanne, dans son milieu, et dans son petit appartement. Il espère être en état de prendre son poste de chef de clinique, à la maternité, le mois prochain.

Adieu mon cher Denis. Baisers à Simone et à mon Nicolas.
Ton père aff.